Les recensements généraux de 2004 puis 2014 avaient déjà allumé les signaux d’alerte.
Celui, plus récent, de 2024 l’a confirmé. Et, comme pour enfoncer le clou, le dernier rapport du FNUAP sur l’état de la population mondiale, publié il y a quelques jours, est venu consacrer la tendance : la courbe démographique du Maroc a définitivement basculé vers le modèle des sociétés vieillissantes.
C’était statistiquement prévisible depuis au moins une décennie, lorsque les résultats des recensements successifs montraient une baisse continue et inexorable du taux de fécondité — cet indicateur-clé du renouvellement des générations. Aujourd’hui, cette nouvelle donne est actée et appelle à des réponses urgentes, tant elle pose de défis à la société dans son ensemble, en particulier dans la conception des politiques publiques: santé, protection sociale, logement, mobilité…
Premier maillon de cette chaîne de défis : le domaine médical. Le Maroc ne dispose que d’un nombre très limité de médecins gériatres, une spécialité qui n’a été officiellement reconnue dans le pays qu’en 2005. Actuellement, le Royaume ne compterait, au mieux, que 200 à 300 gériatres, alors que les besoins sont estimés au double. Et ce déficit se fait déjà sentir.
Au-delà de l’aspect médical, la vie quotidienne des seniors au Maroc reste encore largement inadaptée à leurs réalités. Les infrastructures urbaines, les
transports, le logement, les loisirs, tout reste pensé pour une population jeune. Le concept des résidences privées pour seniors — avec équipements adaptés et services médicalisés — largement développé dans les pays confrontés au même vieillissement démographique, n’a toujours pas trouvé sa place dans notre paysage.
Car c’est bien là le cœur du problème : au-delà des chiffres, il s’agit d’une question de dignité et de vision. Le vieillissement de la population ne doit pas être perçu comme une fatalité ou une charge, mais comme une occasion d’innover, de repenser nos villes, nos solidarités et notre modèle social. La question n’est plus de savoir si nous devons agir, mais comment et à quelle vitesse. Car ce sont nos aînés d’aujourd’hui… et nous-mêmes demain.














