Le dernier communiqué du Premier ministre laisse pantois. Il fait état d’une «tentative d’exploiter ou de faire un fonds de commerce des causes fondamentales de la patrie et de la nation, notamment, et au premier chef, la cause sacrée du peuple palestinien frère.» On ne comprend ni qui est le locuteur, ni qui est le destinataire. Ni, vraiment, de quoi il s’agit. Ce communiqué rappelle les positions royales sur cette question, en retrace la perspective historique «jusqu’aux années soixante du siècle dernier» et en rappelle la constance. Soit. Mais quelle est l’opportunité de cette mise au net ? Et a-t-on, vraiment, besoin de répondre à ce niveau-là — c’est-à-dire le plus élevé sur le plan institutionnel — à des tentatives de récupération politique des actions royales en direction de la Palestine ? Des tentatives somme toute banales, des calculs politiques de bas étage comme dit le texte de la primature lui-même. A l’évidence, ce communiqué pèche par trop de réactivité alors qu’il aurait dû être, seulement, proactif. C’est-à-dire qu’il aurait dû donner le temps à la réflexion et à la tempérance : les traits d’une gouvernance mature. D’un autre côté, la cause palestinienne, elle-même, est devenue une affaire d’une faction extrémiste manipulée par une puissance étrangère — contre l’intérêt national palestinien— dont l’objectif n’est pas la libération de la Palestine mais le positionnement de l’Iran dans la région en tant que leader incontournable. Sous un autre angle, également, la guerre de Gaza a montré que l’affaire n’est plus une affaire territoriale, la création d’un Etat palestinien, mais une confrontation directe entre l’Iran et Israël par Hamas interposé. Le théâtre des opérations s’étant rapproché du Liban avec le Hezbollah vers Gaza. Tous ces éléments posent un problème nouveau pour nous et à tous les Arabes divisés. Ces éléments remettent en question les termes même de notre solidarité «traditionnelle» avec le peuple palestinien. La question étant, pour nous, plus sérieusement, non pas de répondre à une tentative de récupération quelconque, mais de savoir comment aider la Palestine sans renforcer une faction manipulée et extrémiste dont l’agenda n’est pas celui de la libération d’un peuple mais son «alignement» sur les intérêts contradictoires d’un autre.