Le gouvernement, en la personne du ministre de la Justice, enclenche une réforme importante pour la politique carcérale au Maroc.
Un projet de texte, aujourd’hui à l’étude et presque finalisé, prévoit d’introduire les peines dites alternatives comme les travaux d’intérêt général, les bracelets électroniques, l’assignation à résidence ou encore un système d’amendes quotidiennes. Ce nouveau dispositif apportera d’abord une empreinte réelle de modernisation du système judiciaire marocain aligné sur les standards mondiaux actuels dans les pays avancés. Mais d’un autre côté, et c’est le plus important, cette nouvelle démarche permettra surtout de réduire de manière conséquente la population carcérale au Maroc qui atteint aujourd’hui quelque 100.000 détenus.
Les peines alternatives pourront délester les prisons de près de 40.000 détenus, soit 40% de la population globale, qui sont en réalité des personnes en situation de détention préventive donc non encore condamnées. Cette réduction se traduira mécaniquement par une nette amélioration des conditions de vie des détenus. Au-delà de ce volet humain, il y a aussi un aspect budgétaire non moins important.
Aujourd’hui, le budget annuel global de l’Administration pénitentiaire avoisine le milliard de dirhams. Rapporté à la population carcérale, cela équivaut à une dépense annuelle moyenne de 10.000 DH par détenu. Du coup, une réduction de 40% de cette population se traduirait automatiquement par des économies conséquentes en termes de budget. Même si l’opération est approximativement grossière, elle renseigne sur le potentiel de gains à réaliser ou en tout cas des fonds publics économisés qui pourraient être réutilisés autrement et réalloués à d’autres priorités. Saâd Benmansour