Editorial

Examen de conscience

© D.R

Le meurtre de José Luis Percebal, journaliste espagnol accrédité à Rabat a fortement ému la communauté espagnole vivant au Maroc. La réaction la plus forte et la plus émouvante est venue de ses confrères travaillant au Maroc représentant plusieurs organes de presse, de radios et de télévisions espagnols.
José Luis Perceval travaillait au Maroc depuis 1991 pour le compte de la radio Cadena Cope. Célibataire, Il vivait dans une petite villa au quartier Chellah à Rabat en compagnie d’un chien berger allemand. Une vie apparemment paisible et sans problèmes jusqu’au jour fatidique de son assassinat. Mardi dernier, José Luis Percebal a été découvert mort dans sa chambre, frappé de plusieurs coups de couteaux dont un mortel au niveau du coeur. L’enquête centrée sur certains milieux que fréquentait la victime a abouti rapidement à l’arrestation d’un jeune marocain de 18 ans et de son complice âgé de 27 ans, tous deux originaires de Rabat. La reconstitution du crime a démontré que le présumé meurtrier et son complice avaient essayé de masquer la nature de son forfait et ses liens avec la victime en le déguisant en vol. En moins de 48 heures, le meurtre de José Luis Percebal a été élucidé. Qu’il repose en paix.
Mais il reste une communauté journalistique espagnole, vivant au Maroc, profondément choquée et qui essaie actuellement à travers un comité de dépasser le deuil qui la frappe. Ce comité souhaite qu’au-delà de ce drame que les journalistes marocains et espagnols puissent agir de concert pour contribuer au dégel des relations maroco-espagnoles et raffermir les liens qui existent entre les deux populations. Et sur ce point, pour la mémoire de José Luis Percebal, nous avons malgré notre compassion quelques remarques à formuler à nos confrères.
À l’avenir je suis persuadé qu’ils comprendront mieux, et l’expliqueront mieux à leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, ce que peuvent ressentir des Marocains frappés dans leur chair quand ils apprennent le meurtre raciste d’un des leurs, comme à El Ejido par exemple. Ils saisiront mieux le choc que nous pouvons subir quand à coup de manchettes racistes et haineuses leurs confrères ibères chassent le «moro» à longueur de colonnes. Ils réaliseront peut-être le drame que peuvent vivre les nôtres quand ils voient des hordes fascisantes saccager aux frontières des camions transportant des produits agricoles vitaux pour des pans entiers de notre activité économique uniquement parce que ces produits viennent du Maroc.
Mais si nos confrères veulent véritablement parler de dégel, en mettant utilement à profit cette triste occasion, à savoir l’assassinat odieux de José Luis Percebal, nous devrions ensemble aller plus loin et examiner nos consciences. Nous devrions parler ensemble de la manière dont ils instrumentalisent l’affaire de notre intégrité territoriale et dont certains d’entre eux, en liaison avec des services parallèles patentés, manipulent des journalistes locaux au «patriotisme» rompu et au dévouement toujours très intéressé. Tout cela existe et nous le savons.
Si nos confrères espagnols résidant au Maroc veulent nous dire que l’assassinat crapuleux du journaliste José Luis Percebal doit constituer pour nous tous un choc pour une meilleure prise de conscience de nos intérêts réciproques et notre destin commun nous leur marquons notre profond accord. À une seule condition et une seule. Il ne faudrait pas que l’intérêt qu’ils portent aujourd’hui aux relations maroco-espagnoles – qui, elles, nécessitent beaucoup de constance et de conséquence – soit éphémère et porté uniquement par une terrible circonstance malheureuse. Cela serait de l’irrespect pour la mémoire de José Luis Percebal.

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