La tendance observée récemment dans le secteur touristique est une démonstration éclatante du mode de fonctionnement de l’informel et de ses répercussions sur la performance de l’économie.
Les dernières statistiques officielles de l’Observatoire du tourisme arrêtées à fin février indiquent que durant les deux premiers mois de l’année, le nombre de touristes de nationalités étrangères arrivés aux postes-frontières a atteint 1.136.941 marquant une hausse importante de +15% par rapport à la même période de 2023. Pourtant, le nombre de nuitées, lui, affiche étrangement une évolution nettement moins vigoureuse, à peine 6%. Une première et légère anomalie, toutefois acceptable.
Mais le fait le plus intriguant est que ces évolutions importantes en volumes ne génèrent pas de valeur commerciale et financière supplémentaire pour le secteur à travers les recettes voyages. Selon les données de l’Office des changes à fin février, ces recettes se sont élevées à 14,9 milliards DH, soit en baisse de presque 7% par rapport à l’année dernière. Une telle situation supporte raisonnablement une seule interprétation : le surplus de visiteurs étrangers entrés au Maroc n’a visiblement pas passé de nuitées dans des établissements d’hébergement dûment habilités et agréés pour ce type d’activité. Il est indéniable que les nouvelles formules d’hébergement comme le logement chez l’habitant et surtout les plateformes de partage sont de plus en plus prisées à l’international et pas seulement au Maroc. Elles drainent de plus en plus de visiteurs et de clients fidèles. Le vrai défi n’est pas tant de les éliminer du paysage mais d’en faire formellement des sources de création de valeur pour les acteurs qui y opèrent et pour l’économie entière…
