Editorial

Il ne passera pas l’hiver

© D.R

Les permis de construire étaient donnés par le passé par des élus mal élus, peu instruits et souvent véreux. Le poste de président de commune adjoint chargé de l’urbanisme était considéré comme une rente de situation. Une vraie affaire dont le contrôle donnait lieu à des batailles sanglantes dans les conseils communaux. Tout ce que l’on peut voir de moche, d’hideux ou d’abject dans notre espace urbain est le produit de ce système dévoyé qui a confié la gestion de l’acte de bâtir dans nos villes à des gangs déclarés animés par des truands ambitieux. Le résultat est là. Vous pouvez en faire le constat de visu tous les jours que Le Bon Dieu fait.
Le permis de construire a été pendant longtemps un moteur de corruption de grande puissance. Toutes les strates de la petite à la grande administration locale vivaient de son énergie. Et si le projet du ministre de l’Habitat, Taoufik Hjira, arrivait à voir le jour c’est une mamelle nourricière de lait corrompu qui va être sectionnée.
Il est bien venu de responsabiliser l’architecte marocain dans le processus de construction dont il a la maîtrise. Il est sain de le mettre devant la responsabilité de ses actes au même titre que le notaire ou le médecin. Une responsabilité délimitée, bordée par le droit, sanctionnable en cas de défaillances graves est un acte de maturité «institutionnelle» que ne permettait pas l’ancien système où la dilution, justement, de la responsabilité faisait en sorte que notre cadre de vie est devenu l’otage d’un processus mafieux avéré.
On ne veut pas verser dans l’exaltation naïve ou dans l’enthousiasme de circonstance, mais force est d’admettre qu’une petite mesure comme celle-ci comporte en elle des facteurs de progrès indéniables. Combien de réformes de cette nature on peut entreprendre, sans préjudice aucun, pour le budget ? Certainement beaucoup. Et pourquoi ne le fait-on pas d’une manière plus systématique ? Probablement par absence d’imagination et de volontarisme et surtout parce que la volonté politique, le vrai moteur de la réforme, est absente.
Plus certaines individualités gouvernementales, et elles sont très rares, avancent en tirant sur leur crédit personnel, plus les tares du collectif nommé gouvernement se dévoilent au grand jour. Le fond du problème est là et pas ailleurs. Pour faire un printemps gouvernemental, il faut plusieurs hirondelles. Trois ou quatre ne suffisent pas. C’est pour cela que l’opinion publique considère, dans sa grande et ultime sagesse, que le gouvernement, dans sa composition actuelle, risque de ne pas passer l’hiver.

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