Editorial

Indemnités journalières

Le gars s’appelle Benhamoud Sadek Berkane. Il a signé, hier, une tribune libre dans le quotidien algérien El Watan. Son propos est en fait une question : «Le Sahara occidental est-il décolonisé ?». Le reste est banal. Un peuple. Un État. Autodétermination. Indépendance. Au passage, on apprend que l’Algérie ne fait que souscrire à une position de principe dans le droit-fil de la résolution 1514 des Nations unies relative, en gros, à la décolonisation. Jusque-là, rien d’exceptionnel. C’est avec ce barda politico-moral que l’Algérie empêche notre pays, par mercenaires interposés, à parachever son intégrité territoriale.
Mais ce qui est nouveau dans cette fumeuse tribune, c’est que l’auteur semble prendre acte d’un climat propice (à quoi ?) que certains «naïfs» considèrent comme un printemps maghrébin depuis le voyage de SM le Roi à Alger. Il dit que l’UMA est la clé. Cette UMA peut, pour une période de 15 ou 20 ans, administrer la RASD et organiser, au terme de cette période, un référendum d’autodétermination conduisant à l’indépendance, ce qui permettra au Maroc de se désengager avec honneur de cette affaire. Il reste, pour notre politologue, un seul problème. Il faudrait juste indemniser l’Algérie pour les «dépenses extrêmement importantes, civiles et militaires, que lui a occasionné la tension aux frontières durant plus de trente ans.» C’est de la classe internationale. Il n’y rien à redire. Bravo.
Que Dieu maudisse les impudiques. Qu’il maudisse pour l’éternité leur descendance, leurs alliés, leurs amis et leurs familles. Qu’un forfait non-plafonné d’opprobre, taxé depuis la première seconde, s’abatte sur eux. Que leur ligne de destin soit en perpétuel dérangement. Que leurs appels soient mis en attente ad vitam aeternam. Voilà. Que dire de plus ? J’ai vidé mon cœur, mon sac et mon fiel.
Le gars est vraiment fort. Il ne doute de rien. Soit, il le fait exprès ou il est complètement siphonné de la tête. On connaît, tous, les blagues oujdies sur les gens de Berkane. Ce sont leurs Belges à eux. Mais là, ce Benhamoud Sadek Berkane est le meilleur. On a connu, surtout dans l’adversité, nos confrères d’El Watan plus regardants sur leurs livraisons. Sérieux, carrés et droits dans leurs bottes. Mais nous livrer, en pâture, à un abruti de bas étage universitaire, c’est vraiment méprisant.
Le syndrome du printemps maghrébin frappe fort. Même nos ennemis intimes deviennent mollassons. Du nerf, sacré nom de Dieu ! Debout et battez-vous ! Le combat n’est pas fini ! Soyez des hommes, pardi ! On a encore quelques années de haine, de mépris et de rancune réciproques à vivre ensemble. Ne les gâchons pas sous prétexte qu’un vrai-faux printemps s’annonce ou qu’un dégel timide pointe le nez. Nous, on ne croit plus en rien, surtout quand ça vient de l’Est. Perdre un ennemi de trente ans serait dramatique pour nous. Qu’allons-nous devenir ?

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