Editorial

La fièvre de l’opinion

© D.R

Tout ce qui peut concourir à une meilleure connaissance de l’opinion publique marocaine est bon à prendre. Connaître ses attentes, son évolution, ses désirs et surtout ses inclinaisons permet à tous les décideurs quel que soit leur domaine de compétence de mieux agir en améliorant leur savoir.
Le sondage est un outil. Il permet à un moment donné de recueillir ce savoir, comme une photographie à l’instant « t » en fonction d’une méthodologie scientifique bien précise. De ce fait le sondage n’est pas un référendum, il n’est pas non plus un scrutin électoral national et démocratique, ni une étude exhaustive, définitive et totale de l’opinion. Pour cela il y a le recensement national.
Sur la base d’un échantillon précis et représentatif, on peut savoir des choses intéressantes si les questions ont un minimum de pertinence. Le sondage fait par CSA-TMO publié cette semaine par un quotidien arabophone de la place ajoute une pierre dans cette culture du sondage qui naît à peine chez nous.
Cet institut de sondage marocain travaille selon des normes internationalement reconnues et avec une prudence scientifique établie. C’est un vrai métier. Et l’on regrette que ce même institut ait été voué aux gémonies en novembre lors de la publication d’un sondage par ALM. Aujourd’hui, il retrouve grâce à la faveur d’un changement de commanditaire. C’est normal. Cela n’enlève rien à la qualité de son travail. Bien au contraire il réconforte tous ceux, comme nous, qui croient, malgré toutes les limites de l’exercice et les propensions à la manipulation existantes, que par le sondage nous pouvons mieux appréhender les attentes de notre opinion publique à un moment donné, même si ces attentes peuvent parfois sembler contradictoires.
La fièvre peut changer d’amplitude, en fonction de données biologiques, le thermomètre n’est pas en cause, s’il est fiable. Maintenant ceux qui veulent casser le thermomètre sont plus nombreux que ceux qui veulent savoir le degré exact de la fièvre. C’est une démarche.
Pour le reste, il faut être vigilant. Quand un marocain voit un questionneur professionnel s’adresser à lui, il n’est pas toujours en confiance. Il ne comprend pas pourquoi aujourd’hui plus qu’hier son avis est important. On ne lui a jamais rien demandé. Pourquoi commencer aujourd’hui ? C’est un fait qui freine le développement des enquêtes d’opinion, mais celles-ci ne pourront se développer que si les sondeurs et les sondés établissent une relation de confiance soutenue par un solide climat empreint de démocratie et de liberté d’opinion.
Il semble que quand le Marocain « voit ce qu’il voit, et qu’il entend ce qu’il entend, il a raison de penser ce qu’il pense ». Et pour ça il n’a pas besoin d’un sondeur pour lui faire des confidences.
Le sondeur, souvent, sait d’avance ce qu’il veut et il sait le faire apparaître. Le sondé n’y est pas pour beaucoup. C’est presque l’humilité du patient devant le médecin. Une affaire de diagnostic.

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