Editorial

La fin du patriotisme conditionné

© D.R

La démocratie marocaine naissante peut-elle exprimer tout son potentiel dans les provinces marocaines du sud alors que l’Algérie multiplie les provocations à l’égard de l’intégrité territoriale de notre pays ? La réponse à cette question est formelle, elle est affirmative. Oui, le Maroc dans ses provinces du sud doit pouvoir, conformément à ses choix de société affirmer la démocratie, le pluralisme, l’égalité des chances et la liberté d’expression. Particulièrement au moment où les tenants d’un projet totalitaire et liberticide de sécession et de partition rechutent dans des chimères démagogiques et manipulatrices d’une autre époque.
C’est la démocratie, et elle seule, qui permettra de faire face aux menées des séparatistes. Les sahraouis marocains doivent pouvoir exprimer à la fois leur rejet des thèses séparatistes et développer, dans le pluralisme d’idées, l’ambition légitime économique, culturelle et sociale qu’ils portent pour cette région du royaume. C’est de l’interactivité créative entre ces deux faits que naîtra une véritable société civile, une vraie dynamique sociale et une authentique élite politique dans le Sahara marocain.
Aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire sur ce plan c’est que nous sommes loin du compte. Les trois étapes par lesquelles est passé le Sahara marocain ont chacune secrété un rapport à la démocratie complètement différent. Au cours de la première étape, celle de la guerre et des actions armées, il est clair que la mobilisation autour de l’intégrité territoriale a prévalu au-delà de toute autre considération. Au cours de la seconde étape, elle aussi caractérisée par de très hautes tensions sécuritaires, le fait démocratique était également marginalisé. Mais au cours de la troisième étape, celle de la construction massive et du développement continu, les choix qui ont été faits à l’époque et qui prévalent encore aujourd’hui ont montré plus que leurs limites. Réduire le champ de la participation à des notabilités, ou à quelques figures de proue tribale sur lesquelles on s’appuie pour mobiliser la population, a été finalement contre productif. La parole a été confisquée, notamment au détriment de la jeunesse, et des fortunes ont été constituées sans que leur efficacité économique soit démontrée. Les convulsions sociales qui ont par le passé secoué le Sahara marocain expriment plus le rejet de cette approche sectaire excluant les forces vives du développement qu’un quelconque alignement de la jeunesse sur des thèses séparatistes hasardeuses.
C’est plus cette vision courte, aux antipodes de la démocratie locale ou régionale qui est en cause, plutôt qu’une gestion dite « sécuritaire » de la région. Sachant que dans l’absolu, dans un territoire marocain faisant l’objet de manoeuvres hostiles de la part des adversaires de notre intégrité territoriale, la démarche « sécuritaire » s’impose d’elle-même, à moins de sombrer dans une forme de naïveté irresponsable.
Par ailleurs, certains sahraouis eux-mêmes, fils de la région ont compliqué la donne de l’intégration sociale de la jeunesse, désormais urbanisée et aspirant à la modernité, en mettant en avant, dans une forme de patriotisme conditionné, des intérêts tribaux ou claniques surdimensionnés en les cadrant sur l’évolution de nos rapports avec les Nations-Unies sur cette question. Plus que cette attitude, c’est la réponse que nous lui avons apportée à un moment donné qui a causé des dégâts énormes dans le tissu social sahraoui marocain. Dans la foulée, toutes les formes de loyauté authentique et patriotique ont été marginalisées. Seuls les tenants d’un discours susceptible de nuire étaient écoutés – parfois récompensés – avec attention et bienveillance.
La démocratie en se fondant sur des valeurs claires et indiscutables aurait pu, dans nos provinces du sud, nous éviter bien des déboires. Mais dans ce domaine, comme dans d’autres, il n’est jamais trop tard pour commencer au nord comme au sud du pays.

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