Editorial

La flèche d’Arabie

© D.R

Oussama Ben Laden n’est pas un homme sérieux. Il ne tient pas ses promesses. Quand on a vu sa fameuse cassette sur Al Jazeera, le doigt pointé vers le ciel, le ton apocalyptique, et l’engagement solennel, on était vachement bluffé. On s’est tous dit que ce gars-là est fortiche. Avec une cassette, quelques citations du Coran, une télévision et quelques barbus complètement allumés, il allait se farcir l’Oncle Sam sans coup férir. On était très inquiet mais impressionné quand même.
On n’imaginait pas une seconde la raclée qu’il allait prendre quelques semaines plus tard. On parlait de Vietnam, de bourbier afghan, de débâcle des Soviétiques, d’hiver et de cimes imprenables. Rien. Le type s’est barré comme un voleur à la tire, et il a laissé ses copains dans la mouise. Costaud. Celui qui faisait vibrer l’ «Avenue arabe », accrochée à l’écran bavard de la télévision qatarie, s’est révélé être un contre-facteur. Faux et usage de faux.
Faux courage, faux révolutionnaire, faux guerrier, fausses promesses, et peut être faux arabe et faux musulman.
Ses copains qui sont venus du monde entier pour donner corps à son projet de M. Propre universel ont été transformés en charpie par les B 52 devant ses yeux. Il n’a pas mieux trouvé à faire que de se sauver.
Un drôle de chef de guerre. Il se fait la malle pour sauver sa peau. Sa peau d’abord, ensuite on discute. Il envoie les autres au paradis d’Allah, et lui en bon musulman, il préfère la terre ici-bas et ses plaisirs éphémères. Martyr, toi-même. Moi, je passe mon tour. C’est de la politesse où je ne m’y connais pas : «Après vous, je vous en prie».
Non, c’est moi comme disent les vendeuses du Twin Center de Casa quand elles ont des pics hormonaux. Dans ce cas là, il vaut mieux se faire la belle. Alors avec tout ça vous comprenez, les Américains, avec leur armada, sont très embêtés. A aucun moment leurs stratèges n’ont imaginé ce plan.
Des missiles, des sous-marins, des commandos, des avions, des porte-avions aussi, des briquets Zip, des rations humanitaires de Viagra, des chewing-gum de toutes les couleurs et au bout du compte, rien. Wanted. Le gars est aux abonnés absents. Un marteau-pilon pour casser une noisette. Des missiles auto-guidés par satellite contre des va-nu-pieds hirsutes dont le chef s’est enfui en douce.
La rançon, elle-même, de 25 millions de dollars n’excite à l’heure qu’il est personne. Sauf lui. En se rendant, tout seul, aux ricains, il peut gagner une fortune cash. À moins qu’il accepte les cartes de crédit. Les Yankees ne rigolent pas avec le fric. Avant d’aller en cabane ou recevoir une balle dans la tête, il est sûr de palper. 25 bâtons, c’est du solide.
Sacré Oussama. Un vrai farceur. Un comique troupier, plus précisément, qui fait tordre de rires toute la planète. On voit déjà l’affiche d’ici au Music hall de Tora Bora : Le duo explosif Oussama Ben Laden, la flèche d’Arabie, et le mollah Omar, l’oeil de son maître, dans «On casse tout et on recommence rien». Un vrai triomphe à guichets fermés. Tous les Arabes passeront à la caisse. Une aubaine.

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