Editorial

La foire à la vasouille

© D.R

Ça vasouille au ministère des Affaires étrangères. Les derniers développements du dossier du Sahara marocain ont, encore une fois, montré que notre usine à gaz diplomatique se grippe facilement quand elle ne hoquette pas. On dirait que cette maison prestigieuse s’est volontairement mise en marge de toute dynamique de réforme. Une sorte de vie léthargique dans laquelle la seule énergie dépensée, et la seule disponible et mobilisable par ailleurs, est celle nécessaire au maintien de la structure. C’est comme les veilleuses d’une voiture, elles s’éclairent elles-mêmes. Alors que nous avons besoin de phares puissants qui projettent une lumière forte devant nous. Les seuls et vrais coups d’accélérateur diplomatique sont donnés par le chef de l’État en personne. Pour le reste, la machine peine à suivre. Elle traîne. Elle s’embourbe. Et elle se plante. Cela fait près d’un an, le 20 août 2002, que S.M le Roi a appelé à une mise à niveau de notre instrument diplomatique. Que s’est-il passé depuis ? Quels pas ont été franchis dans cette réforme ? Quel est le nouveau visage de notre diplomatie ? Ses nouvelles méthodes ? Ses nouvelles figures ? Sa nouvelle dynamique ? Nous n’avons rien pu observer. Et pourtant, les directives Royales étaient claires, nettes et précises. «Nous avons (…) donné Nos Hautes Instructions en vue d’assurer la mise à niveau, la modernisation et le redéploiement de notre outil diplomatique. La démarche envisagée pour conduire cette réforme doit concerner à la fois les structures du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, sa mission d’impulsion, de coordination et de suivi, ainsi que l’action et les méthodes de travail de nos représentations diplomatiques et consulaires.» Voilà pour la finalité de la réforme. «Une attention particulière doit être accordée au recrutement du personnel diplomatique et à sa formation. Le métier de diplomate n’est pas seulement une vocation, il requiert aujourd’hui un savoir-faire particulier, une culture diversifiée et une réelle aptitude à la négociation internationale.» Voilà pour les moyens de cette réforme. «Telles sont les exigences à remplir pour que notre diplomatie à l’orée du 3ème millénaire soit une diplomatie percutante et offensive, sans être agressive. Le diplomate marocain n’en sera que plus apte à représenter dignement son pays, à en défendre les intérêts supérieurs et à promouvoir ses échanges avec les différents Etats. Il saura veiller, au mieux, à la sauvegarde des intérêts de nos fidèles sujets résidant à l’étranger, auxquels Nous accordons un intérêt tout particulier, dans le cadre de notre vision de la diplomatie active.» Et voilà pour l’aboutissement. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Ça continue à vasouiller, ça improvise, ça s’amateurise, ça recycle des politiciens inutiles, ça fait la promotion des copains et des coquins, ça oublie son pays, ça indemnise grassement, ça fait du tourisme et du shopping, ça plastronne. Et ça nous fait de la peine. C’est tout. Jamais une volonté Royale, si solennellement affichée, n’a buté sur une force d’inertie aussi puissante. Sur un glacis aussi sibérien et sur une corporation aussi verrouillée. Ce n’est plus la diplomatie marocaine qui va à vau- l’eau, c’est l’idée même de réforme que l’on tue dans l’oeuf.

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