Editorial

La télé fait écran

© D.R

La télévision traite rarement d’une manière correcte les affaires de la presse écrite. C’est souvent la caricature, la superficialité ou le dévoiement. Cette légèreté professionnelle est, peut-être, dans la nature intrinsèque du média et de ceux qui le font mais cela occasionne des dégâts énormes au sein de l’opinion publique.
Le sujet diffusé mardi soir par 2M sur le traitement fait par la presse écrite des affaires du terrorisme dans notre pays est proprement scandaleux. Si, au cours de ce sujet, Abdelmounaim Dilami, président de la Fédération des éditeurs de journaux avait le ton très juste, si Driss Ksikès , rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tel Quel était, à juste titre, passionné et si Abdelkrim Lamrani, le responsable de la rédaction d’Al Ahdath Al Maghribia, savait exactement de quoi il parlait, le traitement général du sujet était plus que médiocre. Pourquoi ?
La raison, nous semble-t-il, est simple. Nous n’aborderons pas ici le problème de la compétence du journaliste de télévision, ni comment les rédactions télés pillent littéralement la presse pour confectionner leurs sujets ni, finalement, la question de l’absence de spécialisation de ces journalistes, nous nous attacherons uniquement à pointer du doigt la dérive dangereuse que la télévision opère quand elle navigue à vue sans stratégie, sans ligne éditoriale et, finalement, sans courage politique.
Des images hâtivement tournées celles du président de la fédération, de deux journalistes et des locaux du journal du PJD, Attajdid, un montage rapide, un commentaire approximatif et la boucle est bouclée. Résultat : la presse doit être prudente et responsable alors que la presse dans ce pays est remarquablement en première ligne du combat contre le terrorisme et les islamistes illuminés. Nous, on veut bien être à la hauteur de la situation en prenant tous les risques. Mais pendant ce temps que fait la télé ? Strictement rien, quand, justement, elle ne sert pas la soupe à grande échelle aux islamistes dans des émissions populistes des plus crasses. Un comble. On ne peut pas suspecter Nabil Benabdellah, actuellement patron de fait de 2M, de connivence avec les obscurantistes. Mais sa chaîne ne suit pas. On ne peut non plus faire à Nabil un procès en sorcellerie pour lui trouver une quelconque accointance objective avec ceux qui font de l’entrisme médiatique pour faire une OPA sur la fragile démocratie marocaine en profitant de l’absence de vision, de la faiblesse politique ou de l’incompétence professionnelle de nos médias. Mais l’équipe qu’il a installée, d’une manière excessivement volontariste et trop habile à la tête de 2M, n’assure pas, soit parce que elle manque «structurellement» d’autonomie ou qu’elle ne peut pas s’émanciper de la bienveillante et lourde amitié dont l’entoure son tuteur administratif qui l’a faite revenir, fort opportunément, aux affaires. Dans le deux cas de figure, cela revient au même.
Mais qu’il soit clair que ce que l’on dit ici ne relève ni d’une campagne insidieuse contre le ministre de la Communication, ni d’une cabale contre Mustapha Benali, l’actuel directeur général de 2M. Telle n’est pas notre inttention, ni notre volonté. Nous prendrons position sur une affaire qui s’appelle 2M quand nous prendrons connaissance , comme cela été affirmé à la presse par les intéréssés, de l’audit que fait Mustapha Benali sur la gestion de son prédécesseur et du contenu du « dossier » que détiendrait Nabil Benabdellah sur Noureddine Saïl.

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