Editorial

Lamentable

Le chef de l’opposition espagnole, Mariano Rajoy, président du Parti Populaire, considère que la relation entre le Maroc et l’Espagne est lamentable. Le jour même où Zapatero recevait Jettou à Séville, Rajoy, lors d’une conférence de presse tenue à Madrid, chargeait tout le monde avec une violence inouïe.
Après l’assaut des immigrants contre Mellilia, l’imprévision et la légèreté du gouvernement espagnol sont soulignées. Quant au Maroc, il est pratiquement accusé d’organiser ces assauts : "Nous savons tous que des milliers de personnes ont été conduits en trains et en autobus vers Ceuta et Melilla, qu’on leur a permis de s’installer dans des campements, et que préparer une opération pour franchir la frontière ne se fait pas sans l’assentiment de cette autorité." Et il finit par demander au gouvernement marocain de remplir ses engagements internationaux en matière de contrôle de l’immigration. Voilà, pour les faits.
Pour les commentaires, il faut juste noter que si les relations entre l’Espagne de Zapatero et le Maroc sont aujourd’hui lamentables que dire alors des relations d’hier entre notre pays et l’Espagne d’Aznar. Minables, déplorables, désastreuses ou pitoyables. M. Rajoy, choisira. Aznar était un menteur. Il a perdu les élections pour cela et il a été chassé du pouvoir. Son parti ment aux Espagnols. Le Maroc n’est pas à l’origine de tous les malheurs des Espagnols. Rajoy continue sur cette politique, par conséquent il ment également, mais, heureusement pour nous, il n’a pas le talent d’Aznar. Ce dernier a fait du mensonge une culture de gouvernement et de l’anti-marocanisme une posture intellectuelle aujourd’hui classée comme patrimoine de l’humanité quand celle-ci est raciste.
Ce que Rajoy ne veut pas dire c’est que :
1- La coordination entre le Maroc et l’Espagne dans la lutte contre l’immigration clandestine n’a jamais aussi bien marché. Les statistiques en baisse le démontrent largement.
2- Le fait que l’Espagne ait décidé de faire passer les grilles frontalières de 3 à 6 mètres pousse les immigrants à tenter leur chance aujourd’hui et pas demain. On peut s’en tirer à 3 m et pas à 6 m. Normal, quand on n’a rien à perdre…
3- Les promesses de soutien faites au Maroc par l’Union Européenne dans ce domaine n’ont jamais été tenues. Même les responsables espagnols en conviennent aujourd’hui. Les déclarations de Mme Rumi dans ce sens sont claires.
4- Le Maroc, aujourd’hui, subit cette immigration. Elle peut devenir un facteur d’instabilité pour lui. Le flot de migrants est quasiment intarissable si l’Algérie, pays de passage de ces flux, n’assume sa part de responsabilité. Or ce pays n’est jamais cité et surtout pas par M. Rajoy. C’est bizarre.
5- Notre pays lui-même n’est organisé ni sur le plan politique, ni sur le plan réglementaire, ni sur le plan culturel pour gérer ce phénomène nouveau. De pays de transit, on risque rapidement de devenir une terre d’accueil sans qu’il y ait eu au préalable une véritable réflexion sur ce sujet ou une simple préparation. Par ailleurs, sans croissance économique, aucune politique d’accueil ne peut être mise en place. C’est un vrai problème que le Maroc ne peut solutionner tout seul.
Mais de tout cela, Mariano Rajoy s’en fout. Il faut que les migrants ne débarquent pas en Espagne. Droits de l’Homme ou pas débrouillez-vous. Et s’ils meurent, c’est votre faute même si c’est la Garde civile qui leur tire dessus. C’est du populisme dans toute sa splendeur. On se demande comment le PP arrive à produire ce type de responsables (!) politiques. Ils doivent avoir un moule.

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