Editorial

Langues orientales

© D.R

Quand George Bush s’évanouit le monde fait des convulsions graves. Enfin, presque tout le monde, je ne pense pas que le Fantomas Oussama Ben Laden ou son acolyte le motard Mollah Omar soient convulsifs outre mesure, surtout s’il s’agit du fils Bush. Mais passons, ce ne sont pas ces deux blaireaux-là qui font l’actualité aujourd’hui. C’est l’autre qui est à l’honneur. Voilà, le 13 janvier Georges W. Bush était en train de regarder un match de foot à la télévision. C’est une activité normale. Il n’y a rien à dire. Ce faisant, il mangeait des Bretzels. Là ça se complique un peu pour nous, car manger un bretzel est une activité que nous pratiquons peu. Mais on peut se renseigner. C’est, semble-t-il, une pâtisserie alsacienne salée. On ne discute pas. Mais voilà que le type s’étouffe, s’évanouit, donc perd connaissance, tombe du fauteuil, sa tension dérape et son coeur fait des siennes. Il s’en sort à 55 ans avec une joue gauche amochée, un oeil au beurre noir et une lèvre bien mordue. Rien de grave, mais on est quand même un peu inquiet.
Si le type qui veut terroriser les terroristes internationaux et sauver le monde coalisé de la violence aveugle des extrémistes musulmans se fait embêter méchamment par un bretzel de rien du tout, là on ne joue plus. On peut s’étouffer avec un gros big-mac, ça c’est vrai. On peut être mal aussi si on siffle un Coca au goulot sans respirer, c’est clair. On peut également avoir beaucoup de problèmes si on regarde CNN régulièrement. Mais dans ce cas, il y a forcément un truc qui nous échappe. Le Mollah Omar s’est tiré en bécane sans casque, Oussama joue à l’homme invisible dans une grotte sans araignées et le shérif Bush est victime d’un gâteau sec. Voilà l’état des lieux. Allez maintenant dormir tranquille. Les comiques ont encore frappé. C’est désespérément désopilant. C’est définitivement hilarant. Et c’est irrémédiablement drôle. Ça ressemble de plus en plus à un mauvais film de Mel Brooks.
Deux arabes sans foi fuyant devant un shérif bourré au bretzel qui se met une balle dans le pied. Tout cela sous le regard amusé d’un riche saoudien en limousine qui contemple ce beau monde avec une coupe de champagne Moêt et Chandon à la main, encadré par deux étudiantes marocaines qui font des études de langues vivantes financées par une bourse arabe bien remplie. Sur ce, vient un Pakistanais laïc en compagnie d’un copain, assez croyant, du Cachemire. Il demande avec un accent délicieux comme un loukoum: « Où puis-je trouver un Mac Donald ouvert dans le coin, s’il vous plait ? ». « Ta gueule, lui dit le shérif en hurlant et en pissant du sang, ici il n’y a que des bretzels ». Pendant ce temps et sans que personne ne le remarque, le Cachemiri s’est lové comme un serpent bien huilé dans la limousine à côté de l’une des deux étudiantes. Elle lui a proposé dare dare de réviser avec lui, le chapitre 69 de son cours particulier en attendant la fin des hostilités à l’extérieur. Tout à coup Georges Bush reprend connaissance.
Il ne savait pas s’il se réveillait d’un évanouissement, s’il sortait d’un cinéma de quartier ou s’il assistait à un dîner de gala contre le terrorisme.
Tout ce dont il se rappelait vaguement c’est qu’il avait une petite douleur au pied droit, il voyait aussi vaguement une espèce de cachemiri se glisser dans une grosse voiture plein de Mac Do servis par une étudiante pulpeuse d’Afrique du nord en compagnie d’un jeune suédois qui lisait distraitement le Wall Street Journal. C’est tout ce dont il se souvenait. A peine. Mais ce qui est sûr c’est que pendant son absence, le monde a continué à tourner. Et nous avec, en bourrique.

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