Editorial

L’avenir marocain de l’Espagne…

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Après les défoulements nationalistes, les excès patriotiques et les épanchements souverainistes, des deux côtés, peut-on maintenant parler de nos relations futures avec l’Espagne calmement ? Parce qu’il va bien falloir en parler un jour sans hausser le ton démesurément, sans bravades inutiles et sans coups de menton arrogants. Alors commençons à en parler aujourd’hui sans attendre septembre. On sera trop occupé.
Au début et à la fin de tout au Maroc , il y a le dossier du Sahara. C’est l’affaire d’une nation et d’une génération qu’aucune alliance régionale ne peut contrarier. Quand un pays met son avenir en jeu pour une question d’intégrité territoriale de cette importance, il doit être clair pour tous les protagonistes d’Alger à Madrid que ce fait est incontournable. Une des clés majeures de notre relation avec l’Espagne est la gestion par ce pays de sa position à l’égard de la marocanité du Sahara.
Toute pétition de principe de ce pays contre notre intégrité territoriale rend inutile tout effort de rapprochement. Les classes politiques, intellectuelles et médiatiques doivent intégrer ce paramètre vital pour notre pays. Il est, naturellement, hors négociation.
Sur Sebta et Mellilia, deux villes marocaines, qui sont à la suite d’un long processus historique actuellement sous «préside» espagnole, il est évident que leur statut futur doit intégrer, si les deux pays formulent la même volonté politique, une dimension réelle, globale et dynamique de coopération bilatérale. Elles peuvent devenir des modèles de plates-formes de co-développement entre notamment l’Andalousie et le nord du Maroc. Ce projet ambitieux est bien évidemment au coeur de la négociation entre le Maroc et l’Espagne avec un appui européen explicite.
Mais ces deux volets sommairement décrits ne peuvent prendre forme d’une manière sérieuse si un travail de fond sur le plan de l’image des deux pays n’est pas entrepris. L’image du Maroc en Espagne : un vaste et terrible chantier. Et l’image de l’Espagne au Maroc. Ce sont des actions combinées de grande envergure dans les domaines culturels, artistiques et éducationnels qui peuvent décongeler les esprits et écarter toutes les pulsions racistes et xénophobes qui plombent les relations entre les deux pays. Ce défi-là est la clé de voûte de toute politique de coopération bilatérale.
La coopération économique et financière entre les deux pays, quant à elle, devrait aller volontairement au-delà de ce que prévoient les accords de libre-échange entre le Maroc et l’Europe. Il faut aller plus loin et plus vite, compte tenu du passé indiscutable et de l’avenir inévitable entre les deux pays. Deux nations qui décident que chacune favorisera plus l’autre dans les échanges. C’est une clause qui existe et qui fonctionne assez bien ailleurs dans le monde. Des modèles existent.
Ces choix-là sont désormais de vrais choix stratégiques. Ils peuvent favoriser le règlement de tous les litiges résiduels coloniaux et ouvrir des champs gigantesques d’une coopération exemplaire dans la région. En fait, tout ce qui sépare les deux pays peut, si l’optique est résolument inversée, les unir. Dans les faits, et objectivement, le Maroc peut être l’avenir de l’Espagne. Et l’inverse est tout aussi vrai si les esprits arrivent à faire, réellement et posément, la part des choses.

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