Ben Laden, un célèbre revenant qui ne finit pas de revenir, a parlé dimanche dans la chaîne de télé favorite Al Jazeera. Dans ce boxon qui sert l’info comme on sert de la soupe à des SDF en plein hiver, il est pratiquement chez lui. Depuis qu’il joue au passe-muraille, on est régulièrement informé à travers une coloscopie permanente de son activité aérophagique, de ces coliques frénétiques, de ses éructations intempestives et de tout ce qui a trait à son transit personnel. En plus, les gars d’Al Jazeera y mettent la manière. C’est d’un raffinement professionnel indiscutable. Cette fois-ci, l’info est de taille. Ben Laden est vivant. La CIA a authentifié sa voix. Donc, par voie directe de conséquence, il court toujours. À sa trousse, bien sûr, un médecin chauve diplômé du Connecticut, des gants en caoutchouc, un dépouilleur professionnel, un barbier de Séville, une caméra de CNN et une torche à piles alcalines. Ça fait du monde. Il ne peut plus aller bien loin. Au mieux, il finira un jour comme Saddam, un autre client de longue date des Américains que la même équipe a arrêté avec brio, il y a quelques semaines. Pourquoi, à ce jour les Américains n’ont-ils pas encore arrêté Ben Laden ? La question mérite d’être posée et on ne se gêne pas pour le faire. Selon un ami expert en communication et membre éminent de notre Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), ils ne peuvent pas le faire avant les nouvelles grilles du printemps de la télévision. C’est une stratégie d’audience qui pèse plus lourd dans la balance que tous les dispositifs militaires de lutte contre le terrorisme. Si tu arrêtes Ben Laden avant la refonte des grilles des programmes, tu niques le prime time comme dirait Nassima El Horr, une spécialiste de l’antenne télescopique. Au passage, nous saluons son retour sur 2M ainsi que celui de Benali, qui l’a précédée de quelques semaines, et de tous les autres revenants qui sont fort nombreux dont certains, d’ailleurs, ne sont jamais partis. Nous savons tous que revenir c’est partir un peu mais, eux tous, ils ne nous ont jamais autant manqué que depuis qu’ils sont revenus. C’est bizarre! À ce rythme-là, et dans les prochains jours sur 2M, nous attendons également le retour de Fouad Filali, de Tawfik Bennani Smirès, de Moulay Driss Alaoui M’daghri, de Larbi Belarbi, de Larbi Messari, de Seddik Maâninou et des regrettés Mohamed El Baz, Moulay Ahmed Alaoui et bien d’autres que nous aimions beaucoup. On attend aussi la diffusion en direct des matches de foot de Mexico 70 avec en duplex pour les commentaires Houmane et Bamous et le cher Larbi Benbarek comme consultant. On savait à peu près tous que l’avenir de la télé est derrière elle, mais, aujourd’hui, nous en sommes presque sûrs. Pendant ce temps – juste pour mettre fin à cette digression inopinée et doter ce papier d’une chute honorable – personne ne veut arrêter Ben Laden…Quelle dommage pour la télé.