Editorial

Le bonhor est dans le Norh

© D.R

Le monde peut trembler. Les frontières peuvent s’ouvrir ou se fermer. La guerre peut tout embraser. Rien n’y fait. Notre classe politique est moins là que d’habitude. Elle, qui en général ne fout rien, l’été, elle prend des vacances. On se demande de quoi d’ailleurs. Ils nous fatiguent pendant toute l’année et se sont eux qui partent, soi-disant, se reposer. En fait, ils nous volent même notre fatigue. C’est sans doute une déformation professionnelle !
Et ils vont où tous, ces braves gens ? C’est simple, ils vont comme ils disent «dans le Nord». Or, il est évident, si on est un sain que l’on ne peut pas aller «dans le Nord». On peut aller au Nord, se diriger vers le Nord, prendre la direction du Nord, mais dans le Nord, c’est peu probable. Le Nord, comme tout physicien respectable vous le dira, est magnétique ou il n’est pas. C’est une question de charisme que nos politiciens ignorent, bien sûr. Un politicien déboussolé, élevé dans l’esbroufe n’a pas besoin de charisme. Alors, ce fameux Nord, il l’est par rapport à où ? Nous sommes toujours le Nord de quelqu’un. Ou, certainement, le Sud de quelqu’un d’autre. On peut tourner en rond longtemps comme ça. Les gars de chez nous qui vont «dans le Nord» ne se rendent peut-être pas compte que leur Nord à eux se situe au Sud de l’Espagne. Mais là, on entre dans le domaine des idées complexes qui sont désespérantes pour la faune en question. On laisse tomber.
Il reste une petite remarque. Elle concerne la prononciation. Ils disent, avec un accent empâté, qui doit mobiliser tous les muscles fins de la bouche, laquelle dans ce genre de situation se met naturellement en cul de poule: «On va dans le Norh». Un truc qui commence avec une consonne respectable comme le N, que seul le M peut parfois inquiéter, et qui finit comme le dernier souffle d’un vieux kifard asthmatique de la même région. Une sorte de râle qui cache mal un maniérisme suspect, parce que justement la manière n’y est pas. Et ça se dégrade rapidement. Le soir dans le norh, il sorh, après il dorh, le lendemain il se balade au porh, il fait attention à la calorh pour ne pas suer de tous ses porh, et quand il doute de sa bonne fortune il fait brûler du bkhor (n’ayez pas porh ce n’est que de l’encens) que sa femme qui est son amorh et son seul bonhorh lui a préparé pour lui éviter un mauvais sorh.
Tout cela, vraiment, n’est pas facile. On l’admet. Mais quand dans notre pays certains confondent allègrement les vacances avec la vacance, on peut aisément rater nos grands rendez-vous parce que justement on ne sera plus à l’horh.

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