Editorial

Le crypto-makhzen est une bulle d’air

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Le crypto-makhzen n’a pas d’émules, il a des chiens à son service. Pas des chiens de race aux postures gracieuses, aux manières policées et aux convictions sereines, favorisées par un code génétique indiscutable. Des bâtards qui aboient fort, qui mordent sauvagement, et qui déchiquètent tout. Leur plat favori : l’honneur des gens. Leur pitance usuelle est la diffamation, l’insulte et l’invective. Leurs moyens d’existence c’est monnayer une capacité de nuisance supposée et factice par le chantage et la violence verbale. Mais hélas ils ne font peur à personne. Ils ont des failles énormes qui les rendent parfois pathétiques.
Les molosses du crypto-makhzen aiment les services spéciaux. Surtout étrangers, mais y compris marocains. Mais d’un amour exclusif qui les rend fous quand le désamour surgit. Quand ils ne se retrouvent pas dans leurs comptes et dans leurs appointements. Voilà un des moteurs principaux de leurs haines multiples à géométrie variable, de leurs frustrations hurlantes et de leur amateurisme pitoyable. Ces cerbères aux petits pieds ne peuvent intimider personne par leurs aboiements plaintifs, par leurs attitudes mendigotantes ou par leur pseudo-courage à la lâcheté intellectuelle consommée.
Le crypto-makhzen a son Zaïm, il a sa cour, il a son protocole, ses réseaux, ses us et coutumes, ses « amis journalistes », ses journaux, ses portes-plumes et son fan-club international. Le crypto-makhzen à la différence du Makhzen, tout court, ou du Néo-makhzen n’a pas de pudeur. Car il n’a pas de valeurs. Il n’a pas de culture d’entreprise car il ne travaille qu’avec des intérimaires. Il n’a pas d’âme car il la vend tous les jours à tous les diables de passage. Le crypto-makhzen est délateur. Car il ne vit que par les fausses révélations qu’il fait aux autres. Le crypto-makhzen est manipulateur, menteur et intrigant car il ne vit que de sa rente de situation qu’il entretient par des compromissions successives et répétées. Le crypto-makhzen est une bulle d’air. Mais, fétide parce que l’imprécation est son pain béni. Le crypto-makhzen aime l’escroquerie, pas seulement intellectuelle. Il peut l’exercer sans sourciller sur les propres membres de sa confrérie. Il connaît les affres de la prison, pas pour une cause politique noble, mais pour des délits de droits communs établis.
Voilà une approche sommaire et inachevée du crypto-makhzen, une calamité qui prospère, sous couvert de liberté d’expression, de démocratie et d’État de droit, en temps de transition. Un mal nécessaire mais passager qui attaque, jamais « gratuitement », les institutions, les personnes et les biens. Un nihilisme puéril qui porte en lui-même les causes de sa propre disparition. Un phénomène finalement marginal qui disparaît, toujours comme il est venu, dans l’indignité et dans la forfaiture.

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