Editorial

Le fleuve éternel

© D.R

L’Egypte est une grande nation arabe. C’est indéniable. Son Histoire, sa vitalité et sa puissance culturelle plaident pour elle. Certains se plaisent à vouloir affubler ce pays d’une image folklorique, passéiste ou légère. Ils se trompent sur toute la ligne.
L’Egypte d’aujourd’hui n’est pas celle des séries télévisées à l’eau de rose, des chanteuses éphémères ou des niaiseries que l’on veut nous faire passer pour de la culture vivante. La vraie Egypte, celle que l’on voit peu, est ailleurs.
Elle est à la bourse du Caire. Elle est dans les 5,7 % de croissance de l’année dernière. Elle est dans les 4,3 milliards de dollars du tourisme égyptien en l’an 2000. Elle est dans une présence forte, structurée et exigeante auprès des grands organismes financiers internationaux.
C’est cette Egypte-là qui, aujourd’hui, se permet de convoquer 37 pays donateurs, qui la soutiennent depuis 10 ans, à Charm El-Cheikh, au bord de la mer Rouge, pour faire assumer à la communauté internationale les conséquences financières du 11 septembre sur ce pays. Elle veut 3 milliards de dollars supplémentaires. Elle les aura. Chacun va à la Conférence «avec l’engagement clair de son gouvernement en faveur du programme de croissance et de développement de l’Egypte». C’est carré et formel. Les institutions arabes et africaines suivront. Les États-Unis ont déjà débloqué 1 milliard de dollars sur leur aide civile militaire annuelle de 2 milliards de dollars. Au total l’Egypte compte annuler les effets des attentats de New-York sur son économie et profite de cette «occasion» pour relancer sa croissance. Cette démarche est rare dans le monde arabe. Seule l’Egypte était capable d’une telle réaction qui montre à tous que si ce pays est utile à la paix, au monde arabe et à la stabilité dans la région, cela a un prix, et il faut qu’il soit payé. Les Américains eux-mêmes principaux bailleurs de fonds d’Israël ont compris que sans un soutien direct, franc et massif à l’Egypte, les choses peuvent se compliquer encore plus dans la région et basculer dans une horreur à plus grande échelle encore.
Quelques donateurs ronchonnent : «le gouvernement doit faire preuve de discipline et mener à bien ses réformes, si on en attend des effets. Il doit produire des statistiques fiables et montrer plus de lisibilité aux décisions et aux données officielles», mais ils paieront quand même. Sur ce point, Atef Ebeid, le Premier ministre est sûr de lui quand il avance son programme, sur 5 points, sans hésiter. Freiner la croissance démographique avec l’ouverture de milliers de boutiques de santé, moderniser la petite entreprise pour créer des emplois, prêts aux jeunes promoteurs, moderniser 500 centres d’apprentissage, développer le secteur horticole.
On est finalement bien loin des clichés, pour peu que l’on se donne la peine de voir l’Egypte d’aujourd’hui telle qu’elle est. Un pays vivant, bouillonnant et légitimement sûr de lui. Dommage que l’on parle si peu de ce pays, chez nous, occupés que nous sommes à chercher un mode de scrutin. Au fait, si quelqu’un a des nouvelles fraîches et sérieuses du front du mode de scrutin, il peut toujours nous envoyer un mél. Nous sommes tellement inquiets…

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