La mise en ligne de la synthèse du rapport général sur les 50 ans de développement humain dans notre pays est un vrai événement. L’idée de départ est formidable et la publication du document l’est encore plus. Avec le rapport de l’IER et celui des 50 ans de développement humain on sait, désormais, pratiquement tout sur ce pays. Rendez-vous manqués, ratages, déviances multiples, pertes de temps, gabegie, crimes divers contre cette nation ou encore quelques réussites, de solides perspectives ou, mieux, des raisons sérieuses d’espérer encore et toujours.
Ce rapport, un authentique exercice intellectuel, ne fait pas dans la démagogie ni dans la politique politicienne. Par sa pertinence et sa fraîcheur, il place sérieusement le Maroc face à lui-même. Les échecs sont soulignés, sans effets de manche, sans complaisance ni gémissements inutiles. Les pistes pour un avenir meilleur sont tracées d’une manière pragmatique. Ce document nous met selon sa propre expression « à la croisée des chemins ».
C’est désormais nous qui décidons ce que nous voulons devenir. Ce ne sont ni les sentences du FMI, ni les verdicts de la Banque mondiale. C’est, pour la première fois, une littérature endogène produite par des gens bien de chez nous sur notre propre histoire et sur notre avenir souhaitable.
Quant à notre passé récent, il est à présent connu. Une croissance très faible. Un système éducatif brisé. Une dépendance agricole incontestable. Un système de santé largement insuffisant. Une vie démocratique balbutiante. Des solidarités cassées. Un analphabétisme criard. Une société inégalitaire et à la solidarité factice. Une redistribution en panne. Des valeurs nationales en miettes. Une classe politique indigente. Une bourgeoisie qui n’a rien de national. Une citoyenneté larvaire et un attachement au progrès très peu partagé.
Le bilan de la nation, selon le rapport du cinquantenaire, est une illustration scientifique des traits du sous-développement. Mais là où ce document tranche avec les habituels exercices académiques de cette nature, c’est qu’il ouvre sur ses deux battants une vraie porte sur l’avenir. L’agenda 2025 est crédible. Les pistes de l’espoir sont raisonnables. Le schéma régressif est également plausible. Mais c’est, désormais, à nous de jouer.
Le Maroc de Mohammed VI tourne avec courage et méthode toutes les pages du passé. Ici c’est une instance crédible qui livre son rapport et qui le publie pour faire avancer la cause de l’équité, de la réparation et de la réconciliation. Et là, c’est une assemblée de scientifiques qui ficelle avec honnêteté et rigueur un rapport sur l’état du développement humain. Nous sommes dans un pays qui lit les pages de son passé avant de les tourner. C’est comme cela que l’on peut aujourd’hui faire face à ceux qui ont fait de la haine de cette nation un commerce juteux et de la destruction des valeurs de cette patrie une stratégie politique.
La citoyenneté dans le progrès, le choix de la modernité et de la démocratie sont les éléments constitutifs de notre projet collectif. Le rapport du cinquantenaire le souligne : « Les Marocains doivent avoir, aujourd’hui, confiance dans l’avenir de leur pays et dans leur propre capacité à s’inscrire dans un dessein de développement et de progrès. Pour que le rêve du Maroc souhaitable corresponde aux chemins du Maroc possible. »









