Editorial

Le panneau qui a bouché le port

«La municipalité de Marseille a décidé de diminuer de 30% en deux ans le nombre des panneaux publicitaires qui défigurent la ville. La ville compte, en effet, quelque 5.400 panneaux dont certains à double face. Un groupe de travail dirigé par le préfet des Bouches-du-Rhône a entrepris de « dépoussiérer » l’ancien règlement local de publicité qui datait de plus de quinze ans. Ce travail s’est déroulé en partenariat entre élus, services de l’Etat, afficheurs tels que Dauphin, Viacom, Decaux Avenir, RDD, et enseignistes. Le nouveau règlement, entré en vigueur le 9 février, définit notamment des zones entièrement protégées de toute publicité comme le Panier, un quartier historique de Marseille, ou les Calanques, et des zones à publicité restreinte dans le grand centre ville. Particuliers et afficheurs disposent de deux ans pour se mettre en conformité avec les nouvelles dispositions. » Voilà ce qu’on peut lire sur le site du périodique français La Gazette des Communes. Et ça ne laisse pas indifférent.
Le parallèle avec ce qui se passe chez nous, notamment à Casablanca et à Rabat, est facile. Sauf que ne nous sommes pas du tout dans cette logique. Les afficheurs, chez nous, traitent de noms d’oiseaux. Les autorités locales comptent les points quand, comme par le passé, les élus communaux n’orchestrent pas la danse. Le résultat est là. Le métier d’afficheur, au demeurant honorable, est flingué, l’espace urbain est pollué, un marché pourtant à fort potentiel est détruit, et finalement un cadre de vie dégradé.
Pourquoi ? Parce que ces messieurs sont incapables de s’asseoir autour d’une table et de définir d’une manière civilisée une règle de conduite professionnelle. Parce que les pouvoirs publics, au niveau local, découvrent un métier pour lequel ils ne sont pas outillés sur le plan légal et réglementaire. Parce que, aussi, ces mêmes autorités n’ont pas, et pour cause, un interlocuteur professionnel crédible représentatif pour définir avec lui les modalités de l’occupation de l’espace public et surtout les modalités précises pour la protection du cadre de vie. Tout cela fait un bon paquet de problèmes non résolus. Entre-temps, nos avenues, nos boulevards, nos ronds-points, bref nos villes, sont devenus des horreurs publicitaires. Personne ne retrouve plus son compte. Ni les afficheurs, qui bradent lamentablement les prix pour empêcher le concurrent de vivre. Un tirage vers le bas connu. Ni les annonceurs, qui ne se retrouvent plus, tant leur communication est noyée dans un fatras innommable. L’effet est également connu. Ni, finalement, le citadin, automobiliste ou pas, que cette marée en quadrichromie indispose sérieusement.
Voilà, l’exemple vient de Marseille. Il faut le prendre avec sérieux et pouvoir analyser la méthode qui a été suivie. Un moratoire vaut mieux qu’un démontage généralisé. Une période de mise à niveau de un à deux ans est mieux que les attitudes psychorigides que ce domaine suscite chez nous. Et, somme toute, pour finir sur une banalité bien sentie, la paix vaut mieux que la guerre.

Site : www.lagazettedescommunes.com

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