L’information est nutritive. Mais celle-là , elle est hyper-calorifique. “L’ancien président irakien Saddam Hussein a échappé pendant des mois aux forces américaines en se cachant dans 20 ou 30 cachettes dans la région du pays dominée par les sunnites, se nourrissant de barres chocolatées et de fruits en conserve, selon le “New York Times” de dimanche”. Ça c’est costaud. Tout de suite, le téléphone de la rédaction a sonné. Un ami publicitaire féru de marketing, direct et indirect, en biais ou en diagonale, voulait savoir de quelle marque de barres chocolatées il s’agissait. C’était important pour son business. On comprenait clairement le profit qu’il pouvait tirer de cette info. Associer l’image d’un produit à Saddam Hussein est un peu téméraire, mais certainement efficace en termes de vente dans des contrées où l’on assimile facilement la grande gueule au courage, la lâcheté au leadership et le sentiment d’humiliation à la résistance passive. Mettez vos pas dans ceux de Saddam, mangez des Snikers. Rugissez de plaisir dans votre planque avec Lion. Après une séance de torture ordinaire, Twix, deux doigts coupe- faim. Avec Kinder glacé, les nuits froides au fond d’une cave seront plus tolérables. Mars, rejoignez Saddam sur la planète rouge sang. Et, finalement, Duplo pour atteindre les trois cimes du plaisir avant les Américains. Le détournement de ces marques de chocolat en barre peut aller très loin, mais l’humanité entière, et George W. Bush en particulier, ne seront jamais assez reconnaissants à leurs producteurs. Elles ont permis d’arrêter Saddam vivant, montrable à la télé, utile électoralement, médiatiquement exubérant, etc. Que serait l’Histoire, la grande, sans ces barres de chocolats. Sans la torche – Duracell dure plus longtemps – du toubib chauve, bien rasé avec Gillette Mach 3, qui fouraillait dans la bouche du dictateur déchu et sans les gants en latex du même type. Il faut donner le nom de ces marques…C’est un constituant scientifique d’une nouvelle discipline historique. Mais, en fait, la barre chocolatée qui a sauvé la vie à Saddam Hussein, c’est Bounty. Bien évidemment. C’est le nom emprunté par la marque, selon le dico, d’un bateau britannique dont l’équipage s’est mutiné en 1789 et a abandonné son capitaine, W. Bligh, dans une chaloupe en pleine mer. Probablement un type comme Saddam Hussein qui n’a pu survivre parce que les barres Bounty n’existaient pas à l’époque. On les a inventées par la suite pour Saddam. Heureusement pour George.