Editorial

Le syndrome de Casablanca

Dans un pays où plusieurs problématiques essentielles sont en cours d’être résolues, celle de la confiance nécessaire et propice à l’investissement interne n’est même pas encore sérieusement abordée. Cette faille dans notre système est devenue carrément une menace pour la transition que nous sommes en train de vivre.
Si on mesure la confiance à l’aune de l’investissement extérieur au Maroc, on peut dire, sans risque de se tromper, que les étrangers font plus confiance à notre pays que les nationaux, dont l’effort d’investissement est dérisoire. Les uns croient fermement, les autres doutent, chipotent ou traînent les pieds quand ils ne font pas tout simplement du chantage à l’État. À Rabat, on appelle cela le syndrome de Casablanca. Cette ville n’aurait pas encore fait le deuil du capitalisme administratif qui a fait ses années de gloire.
Le paradoxe de la situation est que notre pays n’a jamais eu un Premier ministre aussi près des patrons. Driss Jettou connaît très bien la culture entrepreneuriale – il en est le produit – et il connaît personnellement la plupart des grands patrons du pays. Le moins que l’on puisse dire est que tout ce qu’a pu réussir le gouvernement actuel, il ne le doit qu’à l’action de levier du Premier ministre sur les appareils de l’État, sur lesquels il a désormais une autorité certaine. L’effet Jettou tant attendu sur le secteur privé n’a pas du tout opéré. Si l’on veut être sévère, on peut considérer cela comme un échec personnel du Premier ministre. Mais si on veut atténuer ce jugement ,on peut avancer avec certitude que le Premier ministre n’a pas eu la chance de bénéficier de l’appui dans sa politique d’une représentation patronale crédible, représentative, et dynamique.
La CGEM soutient en fait le Premier ministre comme une corde soutient le pendu, c’est-à-dire dramatiquement. La CGEM fonctionne comme un vrai parti politique qui a envoyé un des siens à la Primature attendant de lui faveurs – en retour – rentes, prébendes et une large compréhension fiscale. Alors qu’une représentation patronale moderne, dynamique, jeune et efficace aurait pu être le véritable inducteur des projets du gouvernement. C’est dommage pour le vrai patronat marocain qui est occulté par la coterie actuelle, dont l’apport à la valeur ajoutée nationale est quasi nul. Et c’est dommage pour Driss Jettou identifié, désormais à tort, à quelques vieux tontons flingueurs qui se sont offert les services à mi-temps de quelques ex-gauchistes en rupture de dogme qui, quand ils ne complotent pas le soir, ils montent des machinations ridicules le jour. Vraiment dommage.

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