Editorial

Le temps du Maroc

Au Maroc, il n’y a pas de rentrée politique à l’instar de ce qui se passe à travers le vaste monde. Il n’y a pas de rentrée politique parce qu’il n’y a pas eu de sortie. Et pas de sortie parce qu’il n’y avait pas eu de rentrée. Un vrai triangle vicieux. En économie, c’est la même chose. Dans les autres secteurs également. Il ne se passe, strictement, rien. Tout le monde est occupé à préparer le Ramadan, mois durant lequel il ne se passera pas grand-chose non plus. Après, c’est la fin de l’année, pas d’initiative intempestive. Ensuite c’est la fête du mouton, il est urgent de ne bousculer personne. En hiver, il faut économiser l’énergie, donc ne rien faire. Au printemps, il faut y aller doucement et profiter de l’éveil de la nature. Et l’été arrive, ce sont des vacances bien méritées, après une année frénétique de paresse intense.
Le Maroc, c’est le pays où le temps est chez lui. Il a tout son temps. Il a une valeur symbolique. Il sert juste à animer un calendrier virtuel où les seuls évènements réguliers n’ont justement aucun caractère évènementiel. Le rien, bien entendu, n’est pas un événement. On peut en dire autant du «presque rien» ou du «rien du tout».
Alors que nous arrive-t-il ? Justement, il ne nous arrive rien. Une vie politique morose et soporifique. Un gouvernement de même nature. Et une économie atone qui n’en peut plus de se recroqueviller sur ses rentes anciennes et nouvelles. L’envie de travailler n’est pas au rendez-vous. Aucune vision ou ambition collective ne nous étreint. On laisse faire. Et le pire se fait, mine de rien.
Si l’on continue sur cette pente, une panne totale et généralisée nous guette. Nous sommes devenus un pays défaitiste, qui regarde en arrière et qui se complaît dans l’inaction la plus indécente. Et le plus remarquable, c’est que nous trouvons cette situation normale.
Notre paradoxe, c’est que rarement notre pays n’a eu une feuille de route aussi claire. Rarement, nous n’avons disposé d’autant d’atouts dans tous les domaines. Et rarement le chef de l’Etat n’a été autant en phase avec les exigences de l’heure. Tout se fait comme si nous devions tout faire pour rater les rendez-vous décisifs que nous avons et contrarier la marche de ce pays. Le pouvoir est certes un exercice de solitude mais, à ce point, ce n’est plus de solitude qu’il s’agit mais bel et bien d’une tentative, consciente ou inconsciente, de saboter l’avenir d’une nation.

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