Editorial

Le temps heureux des quotas.

© D.R

La machine pré-électorale s’enlise. Tout est bloqué. Il n’y a pas de nouveau mode de scrutin en vue. Pour la majorité, la concertation s’est terminée dans la division. Quant à l’opposition, sa concertation a avorté avant qu’elle ne commence. Ces derniers ne veulent rien, ils voteront contre toute décision prise par la majorité si elle arrive à s’unir sur ce point. Ce qui est loin d’être acquis.
Pourquoi est-on arrivé à ce blocage ? On n’en sait rien. Probablement que la réflexion sur un mode de scrutin juste et équitable a été faussée par les calculs des partis politiques selon qu’ils soient grands ou petits, vieux ou jeunes, enracinés ou pas, représentatifs ou pas, etc. Chacun voit midi à sa porte et avance un mode de scrutin capable d’assurer soit sa survie pour les uns, ou la victoire pour les autres. De toutes les façons, le débat n’est pas dans les foyers, il est confiné aux appareils partisans plus ou moins experts.
Rien n’a été fait pour expliquer, faire partager le débat et faire réfléchir les Marocains sur cette histoire de mode de scrutin. Les télévisions du service public, médias de masse, ont été absentes sur le sujet. Aucune action, même strictement pédagogique à l’égard du citoyen, n’a été entreprise. Seule la presse écrite y a été de son obole, avec plus ou moins de bonheur, selon les publications. Mais d’une manière générale, le sujet reste peu attractif, mal expliqué et dont l’importance du changement de mode scrutin pour les prochaines échéances électorales n’a pas été véritablement démontrée aux citoyens.
Le ministère de l’Intérieur à travers son ministre, Driss Jettou, s’essaie, quant à lui, à une maïeutique subtile pour permettre aux protagonistes de se mettre d’accord entre eux. Mais malgré les qualités de facilitation reconnues au ministre, pour l’heure, les résultats ne sont pas au rendez-vous. À quelques petites encablures des élections, il serait dommage que l’administration soit forcée de se substituer à la classe politique pour décider à sa place. D’ailleurs, cette option limite ne semble pas être, pour l’instant, ni très envisageable, ni très souhaitable.
S’il existe une stratégie non formulée, et ayant fait l’objet d’un consensus général secret, pour pousser les partis politiques, en dernière instance et face à un blocage généralisé, à reconduire le mode de scrutin uninominal à un tour actuellement en vigueur, elle semble être sur le point de payer. Mais, il est difficile de savoir quels intérêts utiles peut servir ce stratagème alors que la modernisation des modes électifs au Maroc est considérée par tous comme un puissant levier pour la modernisation de la vie politique, le renouvellement de l’élite dans les différentes assemblées et une meilleure expression des choix des citoyens.
Le risque qu’il y a, désormais, si un échec est enregistré dans ce domaine, c’est que la régulation du champ politique marocain qui devait se faire d’elle-même sur la base d’une dynamique endogène et démocratique soit supplantée par une régulation assistée par l’administration. Auquel cas, les tenants de l’interventionnisme de l’État dans la vie politique reprendront, inévitablement, du poil de la bête. Et il n’est pas exclu que ces mêmes milieux, toujours séduits par une action volontariste et autoritaire, ne soient tentés de faire perdurer une carte politique balkanisée, émiettée, sans signification politique et idéologique claire et au rendement inefficace. Ce risque existe car la transition que vit le pays n’a encore donné naissance ni à de nouvelles pratiques politiques, ni à des postures partisanes inédites.

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