Editorial

Les dernières jours de Sharon

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La coqueluche des sondages israéliens, Ariel Sharon le sanguinaire, vient de tomber de son piédestal honteux. L’opinion publique israélienne semble se réveiller et revenir d’un long cauchemar qui a duré douze mois. Douze mois durant lesquels il y a eu plus d’israéliens tués que par le passé sur une période similaire, plus d’insécurité sur l’ensemble du pays, plus d’abattement pour les officiers de l’armée, aucune forme de paix et une démoralisation générale qui a anémié l’économie et accéléré le départ des juifs « sincères et loyaux » d’Israël vers des cieux moins guerriers et plus humains.
Le bilan de Sharon est exécrable pour Israël. Les Israéliens en ont conscience maintenant. Maariv, un quotidien à grand tirage l’a dévoilé à travers un sondage réalisé auprès de 590 personnes avec une marge d’erreur de 4,5%. À 53% de mécontents contre 42%, Sharon bascule pour la première fois dans le mécontentement populaire. Pour 73% des israéliens, Sharon n’a pas tenu ses promesses électorales depuis le 6 février 2001. Et 68% des israéliens considèrent que la situation de leur pays s’est dégradée depuis l’arrivée au pouvoir de Sharon. Sur le terrain de la paix, il se trouve, et c’est remarquable pour un début, que 42% contre 51% des israéliens sont convaincus qu’Israël doit accepter l’initiative de paix saoudienne.
La proposition de paix du prince héritier saoudien Abdallah Ibn Abdelaziz par sa force, sa crédibilité et son sérieux, et la dégradation de l’image de Sharon auprès de ses concitoyens prennent aujourd’hui en tenaille le gouvernement israélien complètement fourvoyé dans « une solution finale », suicidaire pour Israël elle-même, contre Arafat et les résistants nationalistes palestiniens.
Il apparaît de plus en plus que, désormais, le seul obstacle à la paix et à la sécurité c’est Ariel Sharon. Le frémissement substantiel de l’opinion publique israélienne dans ce sens est la meilleure nouvelle qui nous soit parvenue de la région depuis longtemps. La consolidation de cette prise de conscience, pour être durable et porteuse d’espoir, doit s’appuyer sur la qualité et la force du soutien que les pays arabes -et les européens, aussi- accorderont à l’importante initiative de paix saoudienne. Par ailleurs, à l’intérieur des voix s’élèvent pour demander des élections anticipées pour fermer la parenthèse sanguinaire d’Ariel Sharon. Ces deux options, si elles viennent à se confirmer et à prendre de l’ampleur dans les prochaines semaines, peuvent être, conjointement et parallèlement, une chance décisive pour la paix entre les israéliens et les palestiniens sur la base d’une sécurité commune.

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