Editorial

Les olives noires

© D.R

La visite que va effectuer le ministre Algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, dans notre pays, n’est pas porteuse d’espoir. Ni pour les deux pays, ni pour la région. Ni pour ce qui concerne la réouverture des frontières, ni pour le Sahara marocain ni, finalement, pour une relance économique de l’Union maghrébine. En fait, il n’y a rien à attendre de ce type de visite. Et ce n’est pas nouveau, cela dure depuis 1975.
Des visites ordinaires de part et d’autre, protocolaires et stériles. Les deux pays se tournent le dos dans un autisme avéré depuis tellement longtemps que tous les observateurs considèrent, à moins d’un miracle, que nous sommes très loin de la normalisation. Bien au contraire, depuis plus d’un quart de siècle, nous nous sommes installés dans la banalisation des contentieux au point que les opinions publiques des deux pays sont, désormais, durablement, « formatées » dans cet esprit de guerre froide et de conflits larvés.
Que faire ? Rien. Chacun des deux pays a appris à vivre sans l’autre. Pis, chacun des deux pays s’accommode de l’hostilité de l’autre comme on gère une donnée physique.
L’hostilité ou l’agressivité constitue désormais une donnée géographique. Elle n’est plus le produit de l’histoire, de la pensée ou de l’action des hommes, elle relève de la nature. Le Maroc et l’Algérie sont donc «naturellement» opposés et la visite du bon ministre Abdelaziz Belkhadem ne changera rien.
Qu’il soit le bienvenu, quand même ! Comme l’est certainement Mohamed Benaïssa à Alger. On fera des photos, on dira des paroles aimables, on partagera le pain aux olives noires et les congratulations, et rien ne sera réglé. On expédie les affaires courantes comme on s’acquitte des haines domestiques. Par habitude et surtout par paresse intellectuelle. Ce que dit si joliment Aragon: « J’ai réinventé le passé pour voir la beauté de l’avenir », ne nous concerne pas. Nous, nous sommes les artisans laborieux et volontaires de l’adversité, nous avons décidé d’entrer dans l’avenir à reculons. Et nous le faisons très bien. Alors que demande le peuple ? Pas ce satané et malheureux «peuple» que l’on dit sahraoui et par qui le malheur s’est déclaré. Non, le peuple, le vrai. Il ne dit rien. Il regarde passer les ans comme les vaches regardent les trains, en ruminant.

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