La médiation sud-africaine en Côte d’Ivoire s’est soldée par un échec. Les élections présidentielles prévues dans ce pays pour le 30 octobre n’auront pas lieu. Thabo Mbeki lors de sa médiation a fini par s’aligner sur les positions de Laurent Gbagbo braquant non seulement les forces du Nord mais également l’opposition ivoirienne. Au-delà du 30 octobre, le chaos guette ce pays au bord de la guerre civile et de la partition.
Le positionnent de l’Afrique du Sud comme puissance continentale capable de conforter son leadership «moral» par la médiation et la recherche de solutions pacifiques dans les conflits africains, a fait long feu. L’échec sud-africain dramatique en Côte d’Ivoire, l’alignement lamentable sur les thèses algériennes pour ce qui concerne l’affaire du Sahara marocain montre que ce pays n’est pas apte à jouer le rôle qu’il revendique, celui d’un pôle d’équilibre et de pondération en Afrique.
L’aura indiscutable, le capital sympathie et l’influence éthique formidable d’un Nelson Mandela ne peuvent plus suffire pour fonder une diplomatie crédible. Thabo Mbeki comme compagnon historique de Mandela et comme actuel chef de l’État, avait pour mission de faire fructifier cet héritage mais à l’évidence cette mission est, aujourd’hui, largement compromise.
La médiation dans les conflits et le rapprochement des positions antagoniques dans les différends, avec ou sans mandat international supposent une posture non seulement fondée sur l’équité et la justice -ce qui est rarement suffisant- mais une neutralité active et un équilibre constant qui permettent de créer des liens de confiance entre les protagonistes.
Choisir un camp contre un autre ou adopter une thèse au détriment d’une autre même, ou surtout, quand on s’appelle l’Afrique du Sud a pour conséquence directe d’envenimer les conflits et d’aggraver la situation de populations souvent en souffrance.
Dans, pour l’instant, au moins deux régions en Afrique, l’Ouest et le Nord, l’Afrique du Sud a perdu de sa crédibilité.
La reconnaissance d’une république chimérique, celle fantasmée par des séparatistes armés et soutenus par Alger, en Afrique du Nord. Et la polarisation du drame ivoirien par une attitude irresponsable qui a vidé de tout son sens le mandat onusien pour la paix dans ce pays et les accords convenus sous l’égide de la France à Marcoussis. Thabo Mbeki est politiquement et personnellement responsable de ce gâchis africain qui aura pour conséquence une banalisation durable et une baisse d’influence notable de son pays sur le continent.