Editorial

L’idéologie de l’Autre

© D.R

Une société qui n’est pas solidaire ne peut jamais être une société juste. Plus l’idée de solidarité prospère, plus la justice progresse. Ces évidences qui peuvent sembler plates ne le sont point, à bien réfléchir, tout à fait. Il ne s’agit pas de dresser l’étendard de l’Islam et de ses prescriptions pour s’autoproclamer une société juste et solidaire. La solidarité, comme tout travail social, est, chez nous, une oeuvre de longue haleine. Surtout dans un pays comme le nôtre où les programmes gouvernementaux dans ce domaine sont faibles ou insuffisants. Où le budget de la nation est corseté par les institutions internationales. Où la croissance n’est pas au rendez-vous . Et où les déficits sociaux sont énormes. La Fondation Mohammed V pour la solidarité a, depuis sa création, distillé, et c’est là un de ses grands mérites, au goutte-à-goutte, année après année, cette idéologie de l’Autre basée sur le souci des personnes les plus démunies ou les plus exposées à l’exclusion. L’institutionnalisation de l’idée de solidarité, en dehors des filets sociaux qui n’existent d’ailleurs pas, est un acquis considérable de cette Fondation. N’oublions pas comment la bien-pensance locale a raillé ses premières actions ! Entre le scepticisme convenu et l’excès d’expertise stérile, on a voulu cantonner son champ d’action au niveau strict du symbole. Pis, on a classé ses interventions uniquement sur le plan testimonial. La valeur du témoignage et la force du symbole. C’est tout. Force est de constater, aujourd’hui, que la Fondation Mohammed V a une intervention non seulement exemplaire, par sa gestion et son déploiement, dans le domaine social mais elle embrasse des activités de plus en plus en complètes et génératrices de « productivité » dans le réseau associatif marocain. L’on constate aussi que sa démarche est également empreinte d’une forme d’exigence qui fait que les actions soutenues ou développées par elle s’inscrivent dans une vision globale qui fait la part belle à une nouvelle ingénierie sociale dans notre pays. Autour et dans le sillage de la Fondation vivent et se développent aujourd’hui des centaines d’associations autogérées qui, là où elles sont, allègent le fardeau des plus fragiles. Nous ne sommes plus dans le registre incantatoire du verbe caritatif mais bel et bien dans le domaine professionnel de l’action sérieuse et de la générosité construite à forte valeur ajoutée sociale. La bonne nouvelle c’est que la société civile décentralisée et son réseau d’ONG locales suit cette dynamique. C’est un modèle qui, aujourd’hui, fonctionne correctement malgré tous les handicaps. Nous sommes désormais loin des moqueries aigres-douces d’antan et si nous pouvons nous réjouir maintenant de ce succès c’est bien grâce à la résolution, à la persévérance, voire à l’opiniâtreté de SM le Roi Mohammed VI qui a maintenu le cap en faisant fi de toutes les défiances érigées en postures intellectuelles surfaites. Du simple bol de soupe – un geste élémentaire d’humanité – à la construction d’un réseau social financé avec pertinence et transparence, un long chemin a été parcouru. Nous le saluons avec fierté aujourd’hui sans occulter aucune de nos insuffisances. Ainsi va le Maroc…

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