Editorial

L’ivraie et le bon grain.

© D.R

Manifestement, la scène politique, à l’approche des élections, s’anime. Les grandes manoeuvres semblent avoir commencé. Nous sommes en train d’épuiser toutes les scissions possibles, ce qui est en soi un formidable moyen de clarification, de mise à niveau des formations politiques et une mise en conformité « sociologique » de celles-ci avec leur base.
Cette mise au net, dans le cas de l’USFP, par exemple, donne une chance actuellement à ce parti pour se positionner comme un grand parti social-démocrate moderne capable de susciter l’adhésion de larges couches populaires salariées, de cadres moyens du privé, et du public, et d’intellectuels. Ce nouveau positionnement facilité par les conséquences organiques du 6ème Congrès permet à cette formation de s’afficher sereinement comme un parti de gouvernement, capable d’assumer la responsabilité des affaires publiques tout en portant un vrai projet de transformation sociale. Les radicaux, les gauchisants et tous ceux qui s’inscrivent dans une logique de diktats et de préalables notamment institutionnels – souvent hasardeux – avant tout engagement politique sérieux et crédible se sont d’eux-mêmes retrouvés en marge de ce processus et appelés à imaginer des formes d’organisation qui dans la plupart des cas restent à définir avec cohérence.
Nous sommes également en train de voir la queue de la comète avec la fin pratiquement de toutes velléités de création de partis politiques. Sur ce terrain aussi le phénomène est salutaire et positif et permet de faire le plein de toutes les potentialités qui estiment, à tort ou à raison, pouvoir enrichir le paysage politique marocain. Spécialement pour la droite, cette floraison de partis peut être salutaire. Pendant de longues années, la droite était démunie d’un corpus idéologique clair et se plaisait souvent à épouser les contours conjoncturels du moment, sans pouvoir s’affranchir d’une influence administrative certaine, d’autant plus pesante que son personnel politique était souvent considéré comme incompétent, opportuniste ou corrompu.
L’arrivée sur la scène de Forces citoyennes, un parti proche des milieux d’affaires et qui s’assume en tant que tel, et ADL (Alliance des libertés) une plate-forme politique libérale – qui s’assume en tant que telle également – animée par de nombreux cadres peut permettre à la droite libérale marocaine dans le cadre d’alliances et de regroupement intelligents d’exister autrement, mais en tout cas de pouvoir afficher une offre idéologique et politique, plus crédible et plus opérationnelle, capable d’offrir, le cas échéant, une alternance démocratique.
Mais face à ses réglages politiques pré-électoraux ce qu’il faut retenir au-delà des postures des uns et des autres c’est les modalités de déroulement des élections et la qualité des dispositifs qui seront mis en place.
Le mode de scrutin, découpage électoral, efficience du code des élections, rôle de l’administration et de ses agents représentent les conditions mêmes de la réussite de ce rendez-vous. Si ces questions ne sont pas réglées dans les délais, sans que la démarche consensuelle ne soit la règle générale, un vote majoritaire au Parlement peut largement suffire, dans de nombreux cas, les élections ne représenteront pas le cap de consolidation démocratique qu’attend le pays. Pour le reste, les Marocains finiront bien, un jour, par trier le bon grain de l’ivraie.

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