L’optimisme est incompatible avec une analyse politique sérieuse. Celui qui avancerait dans la presse une idée, et une seule, qui soit positive ou non catastrophiste risquerait gros. Même avec un milligramme de bonne foi, il serait cloué au pilori. Il faut assommer le lecteur pour vivre. Les moins capés diraient que l’optimisme ne vend pas. Mais les plus rompus à l’exercice avanceront que seule la critique systématique ouvre des perspectives à leur développement humain personnel. Un lecteur marocain normal n’a aucune raison de sortir de son week-end pour aller travailler le lundi. À quoi bon ? Il n’a plus la foi. On lui a savamment expliqué que rien ne marche. Qu’il n’a pas de pays. Pas d’institutions. Pas de crédibilité. Pas d’économie. Pas de Sahara. Pas de nation. Il n’y a rien. Il y a juste le gars, seul, dans le vertige de sa vérité, qui pontifie chaque fin de semaine en cherchant un repreneur qui mette à la fois le prix, la manière et les formes, et le tout, discrètement, si possible. De là, à ce qu’il se fasse mener en bateau…