La gendarmerie a arrêté dans la province de Khénifra une bande de voleurs de bétail. À l’actif de ces prestidigitateurs des champs, 37 ovins et 14 bovins. C’est énorme, surtout pour un pays comme le nôtre. Que fait le makhzen ? Les partis ? Les deux chambres? S’il y avait une vraie transition démocratique dans ce pays, il n’y aurait pas eu autant d’ovins parmi les victimes. Le nombre des bovins serait, bien évidemment, supérieur. Le panurgisme étant une caractéristique culturelle qui définit assez bien les sociétés pré-démocratiques. Par contre le «bovinisme», cher au général De Gaulle qui adorait les métaphores animalières quand il s’adressait à ses compatriotes récalcitrants, exprime un raffinement politique qui marque la fin de la fameuse transition, notamment intestinale. Où en sommes-nous, nous ? La parole est à Driss Lachgar. Un homme politique, à vrai dire, assez inclassable. Son débat sur la réforme de la constitution divise le pays en deux catégories, les ovins et les bovins. Les discussions sont vives et la nation halète. Entre ceux qui bêlent et ceux qui meuglent, personne ne peut plus placer un petit jappement conceptuel. La presse comme, à son habitude, glapit. Entre-temps, les voleurs de poules font un malheur. Un débat de fond sur l’avenir constitutionnel de notre bercail juste avant des échéances électorales surdéterminées par l’islamo-bushisme est, aujourd’hui, assuré de ne pas tomber dans la bouse démagogique. On le sent.