Un des titres de ALM d’hier prêtait à confusion. Torture : «Le Maroc a fait des progrès mais…» Je concède la maladresse. Mais, concédez la bonne foi. L’un des postulats de la modernité, c’est que l’on n’arrête pas le progrès mais quand même… II fallait -comme me le rappelle un lecteur aussi assidu que facétieux- comprendre que le Maroc fait des progrès dans le sens de la lutte contre la pratique de la torture. C’est même une évidence car le progrès -comme son nom l’indique- a un sens. Je ne vois pas, non plus, comment un journal, un média, une ONG ou une institution quelconque peut se réjouir de l’inverse. Soyons, sérieux. L’Etat de droit n’est pas un état naturel. Son maintien, sa sauvegarde ou sa consolidation demande, à toute société, des efforts permanents et durables. La démocratie est elle-même une dynamique, toujours instable, sur laquelle il faut veiller avec foi, exigence et rigueur. Tout cela, chez nous, est en chantier, en construction. C’est, aussi, un domaine dans lequel les traditions sont lâches, faibles ou inexistantes. Mais de là à célébrer des progrès qui n’en sont pas, il faut vraiment, comme dirait Lapalisse, être réactionnaire.