C’est une très bonne chose que Vladimir Poutine nous rende visite. En langage diplomatique, cela témoigne, assurément, de l’excellence des relations qui existent entre les deux pays et, surtout, entre les deux chefs d’Etat. Il est vrai que le président russe connaît notre région puisqu’il a déjà fait Alger. Une vieille «culture» partagée, une certaine tradition idéologique, le commerce des armes et des affinités gazières rendent nos voisins plus «lisibles» que nous pour des observateurs russes non avertis. Cependant, Vladimir Poutine connaît assez bien notre pays, au moins officiellement, depuis le voyage de SM le Roi Mohammed VI en octobre 2002. Il sait, sur le fond, que notre pays a une posture intelligente, assez inédite et digne de respect dans la sphère africaine, méditerranéenne et arabo-musulmane. Nous sommes, peut-être, un des rares pays non-pétroliers engagés – fort, uniquement, de son génie propre et ses propres ressources – dans des chantiers de réformes structurelles aussi décisifs. Pour un pays du Sud, nous occupons une place, justement à part, dans la construction de la démocratie, sur le statut de la femme, sur les droits de l’Homme et la justice transitionnelle, sur la lutte contre le terrorisme, sur l’action en faveur de la paix dans le monde, sur l’ouverture économique et la croissance partagée. Nous assumons aussi, tous les jours, nos responsabilités pour un monde plus juste et, effectivement, multipolaire, pour un droit international plus fort et pour plus de respect et d’estime réciproque entre les civilisations. C’est ce Maroc, hospitalier et chaleureux, tourné vers l’avenir qui reçoit Vladimir Poutine. Et c’est ce Maroc qui souhaite partager avec lui ses ambitions.