Editorial

Petit bonjour

«Lansana Conté est arrivé au pouvoir en 1984, à la faveur d’un coup d’Etat militaire, dix jours après la mort de Sékou Touré, le dictateur qui a transformé le fleuron des colonies françaises en camp de rééducation stalino-maoïste.» Cette phrase prise à la volée dans un article – au demeurant une vraie exclusivité – du quotidien français Le Monde consacré au vieux président guinéen est étrange à plus d’un titre. On y sent une odeur de naphtaline un peu forte. Un petit de trait de nostalgie amère. Et un vieil air de regret. Le rapport au passé est, par nature, très complexe. Il peut fausser les chronologies les plus évidentes. Mais, la transformation d’un fleuron des colonies en camp stalino-maoïste est une expression inutilement sévère à l’égard de Mao et Staline – déjà jugés sans mollesse par l’Histoire – et vainement «dédouanante» pour les colons. Dans les faits, les «fleurons» des colonies étaient, exclusivement, des camps de rééducation destinés à former les indigènes aux valeurs d’une civilisation non choisie. Ahmed Sékou Touré avait dit non à la France, il avait dit non à un destin commun avec la métropole. Sa carrière de dictature a commencé après. Sans faire de procès d’intention à quiconque, mettre en abîme, rétroactivement, le colonialisme et ses fleurons, et la dictature post-coloniale et ses malheurs est un procédé pour le moins douteux.

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