Que les relations internationales soient réglées par les intérêts objectifs qui peuvent lier les Etats, est une chose. Mais que la divergence dans l’appréciation de ces mêmes intérêts s’exprime à travers le chantage, en est une autre. José Luis Zapatero lors de son récent voyage à Alger a été, littéralement, l’objet d’un authentique chantage d’Etat. Un sommet de la vulgarité. «Tu lâches le Maroc sur le Sahara occidental, et on s’arrange pour le gaz.» Voilà en substance le discours officiel qu’il a eu à supporter. La presse locale, quant à elle, dans une belle unanimité, a relayé tout cela, le petit doigt sur la couture du pantalon. Des éditorialistes éminents, droits dans leurs bottes déontologiques, ont livré, dans une diversité prodigieuse, la vulgate obsessionnelle de l’Aldjérie sur le sujet. Faire la revue de la presse dans ce cas d’espèce devient une vraie revue de la troupe. Il n’y a pas une tête qui dépasse. Le meilleur: «Ainsi, et au-delà de la question du Sahara occidental où Madrid a apporté son soutien à la colonisation marocaine, les Espagnols ont également joué le jeu du palais royal chérifien en tentant un véritable forcing diplomatique pour convaincre Alger de participer à la conférence Afrique-EU sur l’immigration clandestine, qui a eu lieu en juillet dernier à Rabat.» Appréciez au passage le «palais royal chérifien». C’est succulent, un peu vieillot, mais ça fait vaguement expert.