Les fins d’années qui se traînent réservent toujours des surprises. Plus l’année n’en finit de finir, et plus les affaires de dernière heure sont énormes. Des choses inattendues, des trucs imprévisibles, des machins non désirés s’invitent au bilan. Et paf ! Tu pensais que l’année était terminée, finie – que nenni ! Tiens, prends ça, «nichane» ! Les barbus sont gâtés, ils se farcissent le Père Noël pendant la fête du mouton. Le sang gicle sur le traîneau. Les rennes fuient de peur de se voir sacrifiés. Les bouchers surexcités par l’hémoglobine ne font de cadeaux à personne. Leurs lames sont tranchantes des deux côtés. Les faussaires nihilistes, quant à eux, continuent de mentir en plein jour. Ils s’inventent des histoires fausses, se donnent de beaux rôles usurpés et se lamentent sur le sort qui leur est fait par le pouvoir, le régime, le gouvernement, l’administration, l’Etat, la justice, l’autorité, la dictature, la monarchie, la Constitution etc. Un inventaire absurde et disparate de ressentiments scellés, pierre après pierre, par une haine épaisse. Celle de soi d’abord sourde et inavouable, persistante comme une odeur de charogne. Elle enveloppe, obsessionnellement, tout; et flétrit l’essentiel, même l’estime de soi. Puis, après, vient la haine des autres, de tous les autres, massive, aveugle, vociférante, acide et enragée. Une haine en quelque sorte structurante -– une raison de vivre ? – qui se décline en typologie de l’infâme, en taxinomie de l’injure voire en palmarès de l’odieux. Et au bout du compte, il ne reste plus rien. Sauf peut-être, au loin, le visage de Dieu pour ceux qui croient…