L’armée espagnole se méfie de ses soldats musulmans. Pour certains, elle ne renouvelle plus leurs contrats. Et quand cela se passe à Sebta cela devient, évidemment, très compliqué. D’ailleurs, tout se complique dans ce confetti colonial en terre marocaine. Le modèle suranné ne fonctionne plus. L’ouverture économique du Maroc et la mise en œuvre des accords de libre-échange condamnent à très court terme une économie fondée, essentiellement, sur la contrebande, l’argent sale et les trafics en tout genre. Sur le plan politique, l’obsolescence patente et l’anachronisme manifeste de ce modèle colonial sont avérés. Si on ajoute à cela, aujourd’hui, l’aggravation de la discrimination religieuse qui frappe des musulmans espagnols — alors que l’Espagne met en avant des valeurs humanistes de progrès et de défense des droits des minorités partagées avec l’Europe – l’échec est total. L’Espagne moderne ne peut plus, à l’évidence, soit par rapport à ses projets, à son engagement européen ou à ses propres valeurs, s’accommoder de la survivance d’une réalité coloniale aussi stigmatisante– voire aussi caricaturale.