Driss Jettou, en deux ans, veut réduire de moitié la consommation d’électricité dans l’administration marocaine. Pour arriver à ce noble objectif, le Premier ministre entend imposer, par circulaire, l’usage d’ampoules électriques économiques. L’idée est généreuse, mais son application est hasardeuse. Réponse en «polésie» – comme dirait le regretté Pierre Desproges. La rime est accidentelle.
Une ampoule s’éteint et tout s’obscurcit
Une liesse douteuse s’empare des esprits
La lumière hésite, et sans étincelles, s’efface
La clarté meurtrie file sans laisser de trace
L’ombre gourmande avance d’un pas assuré
Un soleil noir – à reculons – est né
Et, les ténèbres fêtent cette avancée triomphale
En une clameur opaque qui n’a rien d’amical
Un noir désir est assouvi
Mais nul ne peut en être ravi
Réduire l’énergie dans la fonction publique
C’est donner un quitus à une paresse atavique
Nos fonctionnaires travaillent déjà si peu
À tâtons, c’est au peu qu’il faut dire adieu
Les paroles sont là. Que Abdellatif Laâbi me pardonne. Maintenant, il faut juste chercher un compositeur. Avec une bougie, bien évidemment.