La nouvelle est aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Un tribunal de Pékin a condamné à mort un haut fonctionnaire pour corruption. À 73 ans — un âge canonique — , il a été reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin et manqué à ses devoirs, selon la justice chinoise. Voilà une info bien fraîche, mais elle glace, quand même, le dos. Un des principes scientifiques les moins connus — mais le plus usité — est celui de la comparaison. Selon cet honorable principe, cette chinoiserie, une fois acclimatée chez nous, donnerait lieu à une hécatombe. Une génération de fonctionnaires illustres serait décimée. C’est simple, on aurait plus d’ex. Un «ex» quelque chose serait, fondamentalement, un «ex» mort. La preuve, incidemment, qu’un ex mort n’est pas, nécessairement, un revenant. Les nôtres, ex-hauts fonctionnaires, auraient tous rejoint leur dernière demeure — une sorte de viager à l’envers — avant terme et sans jouir, jusqu’au bout, de la plénitude de leurs biens, bien mal acquis. Finalement, on peut être contre la peine de mort sans être, forcément, corrompu. On peut être aussi pour un Etat impartial, et propre, sans croire, obligatoirement, aux vertus d’une justice indépendante dont les juges seraient à l’abri du besoin.