Après la constitution du gouvernement de Abbas El Fassi, on trouve, aujourd’hui, sur le marché plus d’ex-ministrables que d’ex-ministres. Autant ces derniers sont dignes et, pour la plupart, sereins — la satisfaction du devoir accompli, certainement —, autant les autres, c’est-à-dire ceux dont les noms météorites n’ont fait qu’un passage fugace dans le ciel de la renommée, suscitent de la commisération — la frustration d’un destin inachevé. Mais sur le fond, nous ne savons plus qui sont les plus à plaindre : les ex-ministrables ou les «ministrabilisés». Les ministrabilisés, à part une ou deux exceptions, ne peuvent prétendre à la vraie, à la sublime, à la magique, à la magnifique qualité de ministre que s’ils ont fait leurs preuves. Or, c’est là que le bât blesse. Beaucoup, même. Pour pouvoir faire ses preuves, il faut au moins bénéficier d’un a priori favorable, d’un accueil bienveillant sans être unanime, du temps nécessaire pour déployer les grandes ailes de son talent intrinsèque, de l’indulgence de ses congénères, ou, au moins, quand on n’ a rien de tout cela, être crédité d’un peu de compétence. Certains de nos «ministrabilisés» ne disposent, hélas, que du bénéfice du doute.