Le moins que l’on puisse dire, chez nous — chez eux, rien n’est moins sûr — c’est que personne n’avait prévu, planifié ou programmé la crise avec l’Espagne au sujet de Sebta et Melillia. C’est tombé comme un cheveu dans la soupe. On était encore — en plein rabibochage, effaçant les stigmates de la dernière crise—, en train de nous congratuler de l’excellence de nos relations politiques, économiques, culturelles et j’en passe. Et puis tout à coup : patatras ! Retour à la case départ. Au Maroc, la crise avec l’Espagne devient comme la sécheresse, un problème structurel. Maintenant, que faire? Il va bien falloir, à un moment, de part et d’autre, ranger les drapeaux, les slogans, les bombages de torse, la surenchère patriotarde pour se remettre, finalement, au travail. Il y a du boulot. A moins que l’on fasse comme avec les «moussems» — un rendez-vous festif régulier — ou, mieux, comme avec les Jeux Olympiques, et programmer chaque quatre années, à la veille des élections chez nos voisins, une bonne crise bien épaisse et bien spectaculaire. On choisit le déroulé, la thématique, les effets d’annonce, le paroxysme, la durée et hop, le tour est joué. Tout le monde est content. Et personne ne sera plus pris de court. Parce que sur le fond, on n’a vraiment pas que ça à faire.