Une dernière remarque, si vous le permettez, sur Abdelkader Belliraj. Le type n’est apparemment ni un émir, ni un idéologue, ni un religieux, ni un chiite, ni un sunnite, ni rien du tout. À aucun moment de sa vie tumultueuse, il n’a pu lui être attribué une qualité crédible et stable qui dure plus de six mois. Dans les milieux interlopes de l’immigration, tout le monde rencontre tout le monde. Pseudo opposant à Hassan II, il s’agitait partout, dans tous les sens, sans continuité, ni cohérence. Aujourd’hui, il est là, demain il est ailleurs. Ni foi, ni doctrine, ni religion. Un braquage par ci, un meurtre par là, un voyage en Afghanistan, un autre au Liban, un autre au Maroc, un papillonnage compulsif et paroxystique qui l’expose au pire. Dès qu’il voyait une lumière, il montait, parfois sans sonner. Entre-temps, il avait fait, avec ses amis, un casse juteux. La Brinks. 17 millions d’euros. Ce qui lui revient de ce pactole va à l’évidence améliorer sa capacité de négociation. Et le rendre au passage irrésistible, et très attractif. Un truand qui a du crédit est en général un gangster heureux. Il joue à l’homme d’affaires, au promoteur immobilier, à l’hôtelier, au financier, au stratège, mais tout reste bancal car obéré par une tare originelle. Tous ceux qui ont un jour croisé le chemin de ce monsieur ont du souci à se faire. Aujourd’hui, le fait de ne pas être impliqué par Belliraj dépend juste de la volonté des enquêteurs de ne pas «trop» remonter «trop» loin dans le temps ou de ne pas vouloir traiter tous les dossiers ouverts d’une manière exhaustive. Bigre ! Ce type à lui seul est une arme de destruction massive !