Editorial

Petit bonjour

Au final, on découvre que Abdelkader Belliraj était un agent des services belges. Il était traité depuis de nombreuses années par ces services qui avaient certainement arrêté avec lui un modus operandi précis. Dans ce genre d’affaires, en dehors des contreparties— elles sont dérisoires au regard des enjeux — les marges de manœuvre sont précisées et les périmètres d’action sont définis avec rigueur. Belliraj ne pouvait, en théorie, rien faire qui puisse échapper à la sagacité et à la pertinence de ses officiers traitants, à moins qu’il ne soit un «sujet» exceptionnel d’intelligence, d’expertise, de fourberie et de dissimulation — ce qui, bien entendu, n’est pas le cas vu le profil de l’intéressé. Voilà pour l’aspect formel, c’est-à-dire la première lecture à chaud qui ne traite, elle, en général, que de la face visible de l’iceberg. Et pour la face invisible ? Là, on ne peut avancer que des questions. Quel type de relation ont les services marocains avec les services belges pour qu’un type comme Belliraj passe à travers les mailles du filet de la coopération ordinaire ? Comment se fait-il qu’un gars comme Belliraj, un agité permanent, au moins pendant une décennie, et extrêmement «exposé», n’apparaisse sur les tablettes marocaines qu’aujourd’hui, en 2008 ? Belliraj a-t-il travaillé pour les deux pays en même temps ? Les a-t-il, aussi, «doublé» en même temps ? A-t-il joué les services, les uns contre les autres, peut-être à leur insu, en obtenant des facilités des deux? Y a-t-il eu entre les deux services, ou, pire, à l’intérieur de nos propres services nationaux, des divergences sur l’appréciation de l’imminence d’un danger terroriste ? Quel élément nouveau a obligé à exhumer des armes «enterrées» depuis des années et donner à l’opinion publique une affaire «brute» de décoffrage ? On voit bien que cette affaire Belliraj est complexe et que, par sa nature, elle n’est pas prête à livrer ses ultimes secrets.

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