La mort des 54 ouvriers piégés dans l’incendie de leur usine doit-elle quelque chose au destin? Peut-être. Mais, dans un Etat de droit qui est censé garantir la justice, la quiétude et l’intégrité physique de ses concitoyens, ce genre d’évènement relève de procédures d’enquête et d’évaluation formelles pour déterminer les responsabilités. Les vraies. Qui est, donc, responsable de cet affreux gâchis ? De ce drame humain insoutenable ? La rapacité, l’appât du gain, la pression de la concurrence, les règles folles du marché, le laisser-aller, le manque de professionnalisme, la corruption des organes territoriaux de surveillance, le libéralisme triomphant, le mépris des hommes… Les enquêtes en cours détermineront sans doute les responsabilités. Mais malgré la violence des faits et le poids de la douleur, il n’est pas juste, d’emblée, à la légère, d’incriminer les industriels marocains. Ils sont, eux, en prenant des risques quotidiens, dans des métiers de production et de création de valeur et non pas des métiers de spéculation. Dans leur écrasante majorité, sur le terrain, les industriels souffrent du fait que quelles que soient les précautions prises, ils ne seront jamais à l’abri d’accidents industriels. Le risque zéro n’existant pas. Ces industriels font, tous les jours, ce qu’ils peuvent — et certains le font d’une manière exemplaire —, dans plusieurs domaines difficiles et complexes, pour éviter ce type d’accident dramatique dans un environnement qui ne leur est pas toujours favorable. Toutefois, les situations exceptionnelles, comme celles que nous vivons, doivent concourir au renforcement des normes industrielles et aider à consolider, sérieusement, la responsabilité sociale de nos entreprises.