La décision de mettre sur pied une commission d’enquête parlementaire sur les évènements de Sidi Ifni est une bonne décision. Elle permettra de tirer les choses au clair dans le calme et l’objectivité. Cette commission devra nous dire où sont les dépassements — s’ils ont eu lieu —, quelle est leur nature, et quelles sont les responsabilités qu’ils impliquent. Ce travail de vérification scrupuleuse des faits est le seul à même de donner à ces évènements leur vraie dimension. Une protestation légitime qui a sombré dans la violence pour finir par très mal tourné. Des émeutes qui ont largement dépassé le cadre de la loi, et la répression de ces émeutes qui a donné lieu à de larges dépassements de la même loi. L’une ou l’autre partie, à un moment, de ce drame absolu, en vase clos, est sortie du cadre de la légalité. La commission rétablira, donc, la juste proportion des choses. Ceci étant, est-ce que l’action collective revendicative, et citoyenne, telle qu’elle est autorisée par la loi en démocratie, est condamnée chez nous à toujours s’abîmer dans la violence ? Est-ce que les opérations de maintien de l’ordre quand celui-ci est gravement mis en cause doivent nécessairement s’exprimer par une violence, certes légitime, mais souvent disproportionnée? Et, finalement, en dehors de l’affaire de Sidi Ifni, est-ce que le moindre accrochage avec les forces de l’ordre, plus ou moins sérieux, a vocation, chez nous, à devenir une affaire d’Etat, un drame national, fatalement accompagné par une surenchère médiatique sans limite ?