Les avocats de la défense dans l’affaire Belliraj sont fondés de considérer que les droits de leurs clients à un procès juste et équitable ne sont pas sauvegardés. Les fuites médiatiques actuelles dans ce dossier «caricaturent» la notion de secret de l’instruction dans notre pays. Et elles aggravent, aussi, les travers rédhibitoires de notre justice. La présomption d’innocence a sauté dès le premier jour. Et le secret d’instruction a volé en éclats la veille du procès. Une fébrilité ambiante laisse croire aux observateurs — notamment les plus sérieux d’entre-eux — que le dossier n’est pas très bien ficelé. Que Belliraj ait eu un parcours interlope de barbouze aux inspirateurs multiples cela peut être défendu. Et l’intéressé lui-même ne semble pas — selon les déclarations que l’on lui attribue — le contester avec la dernière énergie. Cependant, le lien avec les mis en cause politiques, les six politiciens détenus, n’est pas totalement avéré quand, s’il existe, il n’est pas frappé de fait — si ce n’est de droit — de prescription. La politisation «volontariste» de ce dossier, dont la motivation reste inconnue à ce jour, lui a, très tôt, donné un caractère confus et fragile. Cette impression a été entretenue par l’analyse largement transversale et rétrospective des enquêteurs qui ont fait rapidement, et peut-être inutilement, remonter les faits au début des années 90 pour embrasser, voire recouvrir, tout le champ du terrorisme au Maroc. Aujourd’hui cette même impression de fébrilité est confortée par le sort qui est fait au secret de l’instruction. Difficile dans ces conditions pour la justice de passer dans la sérénité.