Dans le vaste domaine de la culture arabe, le Maroc pose, désormais, un problème. La déprogrammation de Lola, l’excellent film de Nabil Ayouch, au Festival d’Alexandrie pose, à l’évidence, un problème de fond. D’abord, c’est une censure qu’il faut dénoncer et combattre avec la dernière énergie. Et ensuite, ce geste bureaucratique, rétrograde et indigne, est un marqueur notable de l’état des libertés et de la création dans une culture égyptienne qui étouffe. La liberté d’expression, le ton, la créativité et l’ouverture intellectuelle dont font preuve, avec un talent indéniable, les nombreuses œuvres du cinéma marocain dérangent. Toutes les thématiques de rupture – summum de la transgression chez des Arabes mités par l’intégrisme – sont abordées avec intelligence, beauté et souvent sans aucune vulgarité. Notre production cinématographique est, aujourd’hui, en quantité et qualité une des premières d’Afrique. Notre pays lui-même, en se donnant une vraie ambition dans ce domaine, s’est transformé en terre de cinéma et les productions internationales y trouvent toutes les conditions professionnelles requises pour se réaliser. Nous faisons un cinéma moderne qui, il faut l’admettre, passera de moins en moins chez nos frères. L’image de l’homme arabe à la virilité sacralisée, le rapport à l’autre surtout si l’autre est juif, la sexualité des femmes, l’homosexualité, le pouvoir, etc. sont des sujets dont sont familiers, aujourd’hui, les cinéastes marocains. Et ils interrogent ces sujets, sans concessions et avec beaucoup de finesse. Hier, en Egypte, on a bloqué la Logan. Aujourd’hui, on chasse Lola. Et demain, que fait-on ? Une rafle de chanteuses suivie d’une déportation ?.