Le suicide d’un jeune enfant de 13 ans est un drame absolu. Le collégien du lycée Lyautey à Casablanca, qui s’est donné la mort récemment, n’a pas encore commencé sa vie qu’il la quitte brutalement. Sans prévenir. Il a estimé, du haut de sa solitude et de sa douleur, que la vie — sa vie, si courte — ne valait plus la peine d’être vécue. Il y a mis fin. Quelle solitude tragique pouvait assaillir cet être frêle et fragile, dans un des lycées les plus encadrés du Maroc. Quelle douleur incommensurable pouvait submerger cette jeune personne, encore innocente et ingénue, au sein d’une communauté scolaire des plus importantes numériquement et, supposée être, des plus solidaires. Cet enfant semble avoir vécu une tragédie intime effroyable dans le silence, la cécité et le désintérêt des adultes et dans l’indifférence et l’insensibilité de ses camarades. Le monde des enfants est cruel. Il peut ravir des vies dans des éclats de rires lâches, dans une inhumanité partagée ou dans des unanimités factices et criminelles. Le courage collectif, celui de la meute, est une somme vulgaire de lâchetés. De tout temps, la figure du souffre-douleur a existé. La description des souffrances endurées a donné naissance à des œuvres majeures. Mais n’est-il pas, justement, de la responsabilité des adultes d’être attentifs à ces morsures sauvages, à ces blessures profondes et intimes, entre «amis», qui mutilent définitivement tout désir de vie ?