Le débat actuel — ses prémices, du moins — sur la réforme de la Constitution est-il compatible avec la phase électorale dans laquelle nous entrons qui, elle, concerne un scrutin local ? Il y a là un vrai problème d’échelle, d’agenda, de direction ou de vision qui ne peut aboutir, au final, qu’à dérouter davantage les électeurs. Si tous les protagonistes du fait électoral estiment que le vrai enjeu c’est le taux de participation, ce n’est pas avec un macro-débat sur la Constitution — en fait, assez théorique — que l’on peut réussir une grosse mobilisation le jour du scrutin. Quand les gens sont préoccupés par leur environnement, leurs cités, leur cadre de vie, la probité et l’efficacité de leurs élus, l’état de leurs quartiers, de leurs équipements, etc., il serait difficile, et surtout malvenu, de venir leur expliquer que la limitation des prérogatives royales ou la consolidation du statut du Premier ministre peut avoir un effet direct sur leur quotidien. Difficile et illusoire, surtout que les gens, naturellement chez nous, confèrent à l’institution monarchique une place à part. Elle est rarement liée à des questions de gouvernance notamment locale. Les porteurs de projet de réforme de la Constitution — une démarche politique, au demeurant, légitime — devraient accorder autant de soins à la méthode qu’à l’agenda s’ils ne veulent pas obérer d’entrée leur initiative. Dans cette matière symbolique à l’extrême, le fond, la forme, le temps se mélangent en une formule unique. C’est cette formule pure qu’il faut chimiquement maîtriser.